22 décembre, 2013

Espagne, côté Atlantique

Episode 3 :
Leon et Province de Zamora

On arrive donc à Leon, non sans quelques "Duels" avec les semi-remorques dévalant à toute berzingue la route du col du Pajares.

Après les sueurs froides, les sueurs chaudes, il fait 38 °C et la recherche d'un hôtel au milieu de la circulation, avec l'air chaud gentiment brassé par le ventilateur de la TDM qui remonte le long des jambes, ça tourne un peu au calvaire. Ici, pas de petite brise côtière, en plus on est sur un plateau à 800 mètres d'altitude, donc plus près du soleil.

A la limite du point de fusion de mon cerveau, j'entrevois une enseigne "Hôtel" sur un bâtiment un peu moins haut que la tour Eiffel, avec sur la façade un nombre d'étoiles dont n'osait même pas rêver un général soviétique. Tant pis pour le prix, on sature, alors on pose la moto et j'entre, et les deux cents mètres (environ) à parcourir entre la porte et le comptoir d'accueil me permettent de profiter durant quelques minutes d'une climatisation bienfaitrice qui me ferait presque abandonner mes convictions quant aux économies d'énergie.

En frissonnant un peu, non pas à cause du froid mais en imaginant le trou abyssal dans notre budget provoqué par notre besoin de passer une nuit reposante dans une chambre fraîche à deux pas du centre historique de la ville, je demande le prix de la chambre à une charmante hôtesse.

Celle-ci m'ayant répondu dans un français impeccable, pas d'erreur sur le montant : A 50 Euros, vu le nombre d'étoiles, si je calcule bien ça fait l'étoile à 12,50 Euros, ce qui place l'endroit en première position devant les établissements de la chaîne d'hôtels automatiques dont le nom évoque une compétition automobile (et la vitesse de course des cafards sur les murs...), ceux habituellement coincés entre le fond de la zone industrielle et l'autoroute.

Le frémissement me reprend quand on me précise que les déjeuners ne sont pas compris, mais coûtent 7 Euros par personne pour un buffet qui s'avérera gargantuesque. Bon, le café était un peu tiède, mais ça ira quand même.

Une promenade dans la vieille ville à la fraîche nous fait découvrir des merveilles d'architecture et une ambiance très agréable.


Tout en savourant un repas en terrasse pour un prix modique, nous faisons un bilan de ces derniers jours, et on confirme nos impressions sur ce pays :
- L'ambiance est sympa, le tout est d'attendre la fraîcheur du soir pour que les gens sortent et que les rues s'animent. Une fois la nuit tombée, il y a foule dehors, de 3 à 103 ans, et les restaurants et les bars se remplissent. Conséquence, les nuits sont parfois courtes...
- Les gens sont accueillants, et la plupart du temps, dès qu'on parle français, on tombe sur quelqu'un qui essaye ses rudiments de la langue de Molière. Il faut dire que les chemins que nous avons parcourus jusqu'alors ne sont pas ceux les plus fréquentés par les touristes (du moins ceux qui viennent du nord des Pyrénnées), alors les autochtones ont une certaine bienveillance envers ceux qui ont choisi leur région.
- Les prix sont attractifs, l'épisode de l'hôtel 4 étoiles qui coûterait le triple dans n'importe quelle ville moyenne en France n'est qu'un exemple parmi d'autres. L'essence aussi est bon marché, et on mange comme quatre dans les restaurants pour 10 euros chacun.
- La conduite sur route ne s'apparente pas à une corrida, les Espagnols respectent plus les autres usagers que les limitations de vitesse, mais c'est toujours à bon escient. On est loin du parisien moyen qui klaxonne au carrefour quand le feu vert sur l'autre voie COMMENCE à s'éteindre, et qui se met debout sur les freins au moindre virage sur une petite route de campagne.
- La moto est intégrée à la vie de tous les jours et considérée comme les autres moyens de transport et pas comme un jouet de voyou ou un outil pour cadre surbooké impatient d'arriver à l'heure à son rendez-vous. Attention quand même aux remontées de files, ce n'est pas encore totalement rentré dans les moeurs, le tout est de faire ça gentiment et pas façon "T-Max sur le périphérique à 6 heures du soir". De même, ne pas se garer n'importe où, mais tout ça ce sont des préceptes de base valables partout où on ne veut pas s'attirer des ennuis.

Cependant, j'ai cru comprendre que, du côté de la Méditerranée ou des villes touristiques du centre, cette jolie musique n'est pas la même, mais je laisse à ceux qui y sont allés le droit de nous contredire sur ces points.

Le lendemain, on repart (un peu tard !) vers le sud-ouest, pour rejoindre le Portugal par la Province de Zamora.

Le début du trajet n'est pas passionnant, on est sur un plateau écrasé de soleil, ça ressemble à la Beauce en période de canicule... Heureusement, les longues lignes droites permettent au Twin de se dégourdir les bielles, d'autant que la route est un vrai billard.

Insensiblement, le paysage et la végétation changent, les virages se resserrent ; Passé Castrocontigro, on attaque la montagne et là, la Beauce est devenue Causse. On est dans un désert de cailloux et d'arbres rabougris, seuls quelques villages abandonnés jalonnent la route (j'ai oublié, faites le plein en quittant Leon, si vous avez une autonomie un peu faible vous risquez des mauvaises surprises). J'ai un faible pour ce genre d'endroits (je vous raconterai le Causse Méjean un autre jour), alors je ralentis et on profite, d'autant que la température est redevenue raisonnable.

Une longue halte au joli village de Puebla de Sanabria, puis on aborde le Portugal par une route à virolos rigolos qui redescend ensuite sur Bragancia.

Ca y est, on est au pays de Magellan, de Vasco de Gama et de Christiano Ronaldo (cherchez l'intrus), et ça fera l'objet d'un prochain récit.


En attendant, les rubriques habituelles :

Magellan en aurait rêvé, Aristide Garmin et Thomas Gépéhesse (surnommé Tom-Tom par ses copains de lycées) l'ont fait, et vous pouvez les télécharger, ce sont les fichiers de l'itinéraire :

Leon - Bragancia.gdb (format GDB)
Leon - Bragancia.gpx (format GPX)

Une bonne adresse :
- Hôtel Eurostar, Calle de Velázquez, 18 ( http://www.eurostarsleon.com/FR/hotel.html )