08 janvier, 2014


Espagne, côté Atlantique

Episode 4 :
Le Portugal

Aujourd'hui, on est toujours en Ibérie mais du côté lusitanien ; Autant dire qu'on est passés dans une faille du continuum spatio-temporel, à plus d'un titre : Déjà, il y un décalage d'une heure avec l'Espagne, ce qui est logique car le temps de l'extrémité occidentale du continent ne doit pas être identique à celui du bout oriental de l'Autriche-Hongrie.

Imaginez, quand le soleil se couche à 8 heures, pendant que vous dégustez des Hortobágyi Palacsinta au restau de la gare de Kispàlad, il reste encore quelques bon moments pour profiter de la douceur de la plage à Figueira do Guincho, donc l'horloge affiche une heure en moins, c'est logique.


Par contre, le décalage d'ambiance est assez déroutant. Pour tout dire, autant on s'est sentis à l'aise en Espagne, autant on n'a pas compris ou perçu le Portugal.


Un séjour à Lisbonne il y a quelques années nous avait donné un aperçu du charme de la vie portugaise, et les nombreux témoignages d'amis voyageurs nous avaient incités à retourner dans ce pays, mais là, j'avoue que le courant n'est pas passé. Non pas que l'accueil ait été mauvais, loin de là, aucun désagrément n'est venu entacher notre périple, mais simplement on est passés à côté du pays.


Quelques explications à cela, afin de ne pas vous ôter l'envie d'aller y voir par vous-même : Déjà, le Nord du Portugal ce n'est pas le Sud, c'est bizarre mais dans tous les pays c'est comme ça, le sud de la Suède a un côté nonchalant que n'a pas le Nord de l'Italie.

Ensuite, le pays ne semble pas être au mieux de sa forme économiquement parlant ; D'accord, 99% des pays de l'Europe sont à peu près dans le même état, mais c'est là qu'intervient la mentalité des habitants : Pour caricaturer, face à une telle situation, l'italien se débrouille, le français râle sur le gouvernement, l'espagnol s'en fout et fait la fête et le portugais travaille dur.


Parce qu'on sent que les gens ne sont pas là pour rigoler, à priori la crise de 2008 a touché durement la population active, qui est allée voir à l'autre bout de l'Europe si il n'était pas possible de se faire un peu d'argent... Moralité, peu de jeunes (en dehors de Porto), pas de mise en valeur ni d'entretien du patrimoine et une ambiance un peu tristounette.


Enfin, un épisode peut expliquer ces impressions : Le premier soir de notre arrivée dans le pays, à Bragancia,  pendant qu'on goûtait à la Bacalhao, une télé tonitruait dans le restaurant. Soudain, un type à l'air sombre est venu annoncer un autre type à l'air encore plus sombre qui s'est mis à débiter des sombritudes derrière un pupitre gouvernemental. Au fur et à mesure, les gens prenaient le même air sombre... Le débat qui s'en est suivi parmi les clients du restau nous a indiqué sans équivoque que les mois qui allaient suivre pour eux et le reste de la population n'allaient pas être de la tarte, ni même du Pasteis de Nata (un genre de petit flan, délicieux).

Seconde déception, les informations ont continué et malgré le brouhaha (il n'y a pas que les Français qui râlent après le gouvernement), on a compris que le zone où sévissaient des terribles incendies de forêt était justement celle où on comptait commencer à suivre la vallée de la Douro, site incontournable selon la majorité des visiteurs de ce pays.


Donc, on a décidé d'abord de ne plus regarder la télé durant les vacances, puis d'aller voir plus bas et rejoindre la Douro plus en aval vers Porto.



Troisième déception, ce n'est sans doute pas la plus belle partie de la vallée : Même si les vignobles accrochés à flanc de coteau témoignent, s'il en était besoin, de la ténacité du portugais à exploiter au mieux la terre aride de son pays, le paysage finit par manquer de variété, d'autant que, comme évoqué précédemment, le patrimoine n'est pas mis en valeur : Pas de possibilité de visite malgré la présence de noms prestigieux du vin de Porto, les lieux d'histoire sont délaissés au profit de bâtiments récents et fonctionnels. Enfin, le climat est vraiment dur à supporter, le soleil tape fort et l'ombre est aussi parcimonieuse que la charcuterie dans un sandwich TGV.





Arrivés à Porto, on décide de rester un peu. Certes, la ville est plutôt agréable mais on sent ici aussi un manque de moyens : La décrépitude ce n'est pas la même chose que le charme surranné... Les contrastes sont étonnants, sur les "Champs-Elysées" de la ville les immeubles des compagnies bancaires côtoient un immense hôtel aux fenêtres murées, un terrain vague avec quelques maisons effondrées jouxte un centre commercial flambant neuf, sur des rues entières des maisons décorées d'Azulejos (carreaux de décoration en faïence, aux tons bleus) sont aussi couvertes de tags. Tout ce bric-à-brac donne l'impression d'un choix délibéré de laisser les choses à l'abandon et de reconstruire du neuf, plutôt que de conserver les vestiges du passé.


Il est vrai que c'est beaucoup plus simple, et que ça coûte moins cher. C'est aussi symptomatique d'un pays qui se tourne vers le futur et renie son passé, ce qui peut se comprendre étant donné l'histoire récente de ce peuple.


Désolé, j'ai gâché l'ambiance, mais le but d'un article de blog est aussi de donner un point de vue, fut-il à l'encontre des autres opinions.

Cependant, je répète que les gens sont accueillants, le coût de la vie n'est pas très élevé et il y a quand même beaucoup de choses à voir, et je suis convaincu que ce pays mérite de s'y attacher, mais cette fois-ci on n'y est pas arrivés; Donc, allez-y, faites-vous votre propre opinion, regardez le Portugal avec d'autres yeux et un autre esprit et partagez votre expérience.

En regardant les photos et en replongeant dans nos souvenirs pour écrire cet article, finalement on se dit qu'on était pas si mal au Portugal, c'est juste qu'on avait peut-être pas assimilé le décalage d'une heure...

Dans le prochain article, on retourne en Espagne, en Galice pour être précis, et là on va retrouver le sourire (qu'on avait pas vraiment perdu, d'ailleurs).


Pour nous suivre :
Bragancia-Porto (format gdb)
Bragancia-Porto (format gpx)

Mais la vallée de la Douro commence bien plus haut, donc voici la route théorique, qu'on aurait pu emprunter si le pays n'était pas en feu... (Sans garantie, c'est une route compilée d'après les cartes et les infos glanées ici ou là, mais on n'a pas pu y passer et donc la vérifier)
Bragancia-Porto par la vallée de la Douro (format gdb)
Bragancia-Porto par la vallée de la Douro (format gpx)

Deux adresses plutôt bonnes :

Le seul hôtel de Lamego, à peu près à mi-chemin, assez luxueux mais pas trop cher : http://www.hotellamego.pt/en/

L'auberge Vice-Rei, un hôtel sans prétention mais bon marché et assez proche du centre de Porto :
http://www.hotelvicerei.com/index.php?run=presentation&l=2

Ces deux hôtels sont indiqués sur l'itinéraire.