04 septembre, 2014

Quarante mille kilomètres.

C'est la distance à parcourir pour faire le tour du monde en suivant l'équateur. Comment se fait-il que certains, en affichant 130 000 bornes au compteur, n'en soient qu'à la moitié ?

C'est la question à laquelle à refusé de répondre Trevor, rencontré cette semaine ; Il n'en avait pas la moindre idée, de même qu'il ne savait pas encore si il en était vraiment à la moitié, de même qu'il ne savait pas non plus si il allait réussir à faire les 30 kilomètres suivants.

C'est un des nombreux tourdumondistes qui sillonnent les quatre coins du globe (c'est ça qu'on appelle la géométrie variable), parti il y a exactement 2 ans de Washington après avoir lâché son boulot d'ingénieur, parce qu'il s'était dit qu'à 57 balais il n'allait pas attendre d'être à la retraite pour faire sa balade (surtout dans un pays réputé pour ses prestations sociales assez peu généreuses), et que c'était maintenant ou jamais.

Ce n'est pas un acharné du tour du monde en 80 jours, lui c'est plutôt en 80 mois qu'il va boucler la boucle, parce que la ligne droite n'est pas toujours le meilleur chemin d'un point à un autre (1er axiome de la géométrie variable).

Qu'on en juge plutôt (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :


Vous voyez, là, en bas à droite de l'image, y'a pas de traits rouges, et puis il en manque un bout, vers l'est, où y'a rien non plus...

Un peu dubitatif pour traverser directement du Nord au Sud le continent africain, chaque pays présentant d'intéressantes spécificités dans le domaine du décès prématuré de l'être humain, que ce soit à coup de politique, de croyance religieuse ou de virus Ebola, il envisage maintenant de rejoindre son Walhalla personnel (l'Afrique du Sud) en passant par la Pologne, l'Ukraine, la Turquie, l'Iran et L'Arabie Saoudite.

On a eu beau lui expliquer que Georges-Marie Haardt, colonisateur franco-belge sponsorisé par Citroën et inventeur du rallye Paris-Alger-Le Cap en autochenille, avait choisi un chemin bien plus court, il n'en démord pas, arguant que la Super-Ténéré ne mérite pas complètement son nom et est plus à l'aise sur les routes en dur que sur le sable (faut dire, il n'a pas vraiment tort), donc qu'un "léger" détour est à envisager pour bénéficier de conditions de circulation plus tranquilles (?).

Leurs routes fussent-elles convenablement macadamisées, je ne suis pas certain que l'Ukraine, l'Iran et l'Arabie Saoudite soient des pays très fréquentables pour quelqu'un en provenance des Zétazunis, fût-il muni d'un passeport Australien, mais bon...

A peine troublé par la sournoise défection d'un tendeur de chaîne de distribution qui aurait pu mettre à mal ses projets et ses soupapes d'échappement, il envisageait déjà de rejoindre Le Cap par les transports en commun, se trouver une pétoire quelconque sur place et remonter en France en attendant la réparation de sa Yamaha.

Coup de bol, malgré 4 dents sautées sur l'arbre à cames d'admission, pas de dégâts sur le haut-moteur, un tendeur neuf et c'est reparti, pour une chaîne neuve on attendra le prochain concessionnaire, à Przeworsk, Dogubayazit ou peut-être même Bandhar-E-Ganaveh, où la plage est sympa mais on y voit peu de jolies filles en string.

Partant du principe que la Super-T ne lui avait causé aucun souci en 78000 Miles jusqu'à ce qu'un malheureux tendeur vienne à faire défection, il ne voyait pas de raison à ce que la machine ne continue pas comme ça, et qu'au moins il avait largement passé le cap des éventuels défauts de jeunesse.

Bonne chance, Trevor, et bon courage surtout, malgré ton tapis de selle en billes de bois, taillé dans le couvre-siège d'un chauffeur de taxi New-Yorkais, tu n'as pas fini de te tanner le derrière... Mais on te souhaite surtout des belles rencontres et des souvenirs plein la tête.

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