27 octobre, 2013



Espagne, côté Atlantique

Episode 2 :
Cantabrie et Asturies

On continue à longer la côte Atlantique de l'Espagne, mais d'abord une mise au point : En racontant notre périple au-delà des Pyrénées, on m'a parfois rapporté des situations de "racket" de la part des autorités envers tout ce qui n'était pas muni d'une immatriculation ibérique, et qui faisaient moins penser à la mission d'un représentant de l'ordre et de la sécurité routière et plutôt à la façon d'agir du juge Roy Bean :


 (Un immense merci à Messieurs Goscinny et Morris pour un des meilleurs albums de Lucky Luke à mon goût)

Bien que je ne nie pas que de telles choses puissent être arrivées à certains, je peux dire qu'en plus de 3000 Km en Espagne et au Portugal, que ce soit sur autoroute ou sur route à peine revêtue, en stationnant en ville ou en m'amusant un peu sur les routes de montage, je n'ai jamais été confronté à ce genre de situation.
(Qu'on ne verrait jamais dans notre beau pays à nous, non ?)

Je dois dire aussi que mes seuls contacts avec l'autorité ont été à l'occasion de la recherche de mon chemin, et là ça s'est plutôt bien passé. De plus, j'ai pu constater que les Espagnols ont un respect très relatif des limitations de vitesse, et en suivant le même rythme qu'eux je n'ai pas eu le moindre souci.

On m'avait juste indiqué qu'il fallait posséder un gilet jaune par personne à bord d'un véhicule, et au cas où cette prescription vaut aussi pour les motos j'avais emporté deux vestes de pluie bardées de jaune, qui auraient pu passer pour la version française du gilet de sécurité. Ceci dit, ça n'est pas inutile d'être vu si les aléas de la mécanique vous stoppent au bord d'une route, depuis lors j'ai rangé un vrai gilet jaune sous ma selle (mais je ne conduis pas avec, je suis convaincu que ce n'est pas la solution à l'accidentologie des deux-roues !)

Bref, je garde mon excellente impression de mon périple motocycliste et ibérique.

Et l'office de tourisme espagnol ne m'a pas rétribué pour cette publicité.

Donc, protégés de la prévarication policière par notre bonne étoile, on passe en Cantabrie.

Insensiblement, depuis Bilbao, le paysage s'adoucit, les montagnes s'éloignent du littoral, remplacées par des collines verdoyantes.

Je précise "Verdoyantes" : Le nord de l'Espagne est aussi appelé "l'Espagne Verte", n'oublions pas qu'on est directement exposé à un vaste océan, face aux vents du Nord qui ne sont pas réputés pour être les plus chauds, et que les nuages véhiculés par ceux-ci sont facilement bloqués par les montagnes.

Tout ceci ne favorise pas la sècheresse, et j'ai cru comprendre que notre bonne étoile ne nous pas seulement protégé des ripous mais aussi de la pluie...

Par contre, on a constaté un phénomène assez curieux, constaté jusque sur les côtes portugaises : En plein milieu de journée, il n'est pas rare de voir arriver depuis la mer un nuage épais qui occulte le soleil quelques instants.
Niembro, 13 H 16
 La température chute de quelques dizaines de degrés, on sort les moufles et les polaires et on attend, ça finit par s'en aller.

J'exagère, mais à peine.

Niembro, 13 h 20
Toujours la faute au petit vent qui souffle imperceptiblement, et qui rafraîchit l'atmosphère. Au-delà de ce phénomène brumeux, cela signifie surtout que le lézardage risque vite de se transformer en cauchemar, la sensation de brûlure solaire étant masquée par le souffle d'Eole.

Mais reprenons notre chemin : On continue plus ou moins à longer la côte, avec le joli port de Castro Urdiales, puis la route s'éloigne un peu de la mer avant d'arriver à Laredo. Après le passage au milieu de la lagune sur une digue, la petite ville de Santona présente quelques curiosités : D'abord ce qui est peut-être la plus large "promenade" de bord de mer, qui borde ce qui est certainement la plage la plus étroite de toute la côte (moins d'un mètre). Le ratio entre les deux (du moins à marée haute) est assez amusant... On comprend que la plupart des baigneurs rejoignent les chaises-longues en béton armé disposées le long de l'allée principale.


L'autre centre d'intérêt est que Santona est la ville de l'anchois, n'y passez pas sans goûter les filets en boîte, d'une délicatesse extrême.

On rejoint ensuite la baie de Santander, mais la ville est à éviter pour des raisons de circulation intense et/ou d'asociabilité croissante de ma part, à vous de voir. Notre chemin passe ensuite par Comillas et San Vicente de la Barquera, les paysages deviennent de plus en plus doux, et au loin les Pics de L'Europe sont coiffés de blanc.


On passe dans les Asturies, courte visite dans la jolie ville de Llanes et son petit port en plein milieu de la ville, puis, le temps passant un peu trop vite, on choisit de prendre l'autoroute pour s'avancer un peu : Si on fait le compte depuis qu'on a passé la frontière, on doit rouler à une vitesse moyenne de 40 km/h, à ce train-là il va nous falloir 3 mois de vacances pour explorer le nord de la péninsule ibérique. Moi, je ne suis pas contre, il nous plaît bien ce pays, mais l'impitoyable oppression du capitalisme libéral sur les masses prolétariennes exploitées, vous savez ce que c'est...

On oblique donc vers le sud, mais pour monter vers la Castille on abandonne l'autoroute et ses tunnels pour prendre la route du col, impressionnante avec ses points de vue et ses passages à 17%.

Par contre, la descente vers le haut plateau de la Castille nous a fait un peu trop penser au film "Duel" avec les camions lancés à pleins gaz et acrobatiques à doubler. On est quand même arrivés à Leon, mais je vous raconterai ça une prochaine fois.


Pour vous laisser guider par les voix célestes :
Cantabrie.gpx
Cantabrie.gdb

Quelques adresses :
 * Hôtel Solatorre à la sortie de Comillas, sur la route de St Vincente, calme et à 2 pas de la ville
 * Toujours à Comillas, évitez les restaurants de la Plaza del Coro del Campios (LA place touristique de la ville), il y en a plein d'autres plus sympas dans les rues adjacentes, mais par contre allez au glacier de cette place, elles sont monstrueuses ! !





Octobre 2013 : C'est l'Automne...

Les jours raccourcissent, on vient de passer à l'heure d'hiver, mais une accalmie dans la tempête nocturne laisse apparaître un beau coin de ciel bleu, alors en route pour une petite promenade (pour ceux que ça intéresse, voir l'article sur les châteaux du Vexin ).

Mon terrain de jeu habituel étant pourvu d'un nombre beaucoup plus important de chênes centenaires que de relais GSM, et les fermes étant plus nombreuses que les zones commerciales, quelques précautions de circulation s'imposent.

En effet, pour paraphraser Prévert, un motard se ramasse des pelles sur les feuilles mortes (à cause des arbres précités), surtout avec le coup de vent de la nuit précédente, mais il suffit d'intégrer le fait qu'être dans une forêt implique ce genre de désagrément et on arrive à survivre.

Beaucoup plus désagréables, les exploitants agricoles ont tendance à manifester une volonté d'expansion des terres cultivables, concrétisée par des tentatives de transformation de la route bitumée normale en un limon fertile, en y apposant une couche de boue grasse.

Bien entendu, ce phénomène peu propice à l'adhérence est localisé de préférence en sortie de virage ou après le sommet d'une côte (et avant un virage). A certains moments, les effets bénéfiques conjugués de ma bonne étoile, de pneus en bon état, d'un poil d'anticipation, d'une vitesse raisonnable et d'une méfiance maladive, voire paranoïaque, m'ont évité de poser mon digne postérieur au milieu d'un océan de gadoue infâme qui garnissait la route comme le Nutella sur la tartine du goûter de l'écolier gourmand affamé.

(Vous noterez que, malgré ma répugnance envers le matériau et mon agacement envers ces pratiques agricoles, j'ai utilisé une métaphore plutôt appétissante, bien qu'une autre idée me soit venue en tête à ce moment-là, mais il faut savoir garder de la tenue et de l'élégance même dans les circonstances les plus délicates)

Heureusement, certains fermiers dignes de ce nom et plus citoyens que la moyenne avertissent du danger avec des panneaux plus ou moins adéquats, dont le moins poétique n'est pas celui-ci :


Etant fragile du nez, je ne suis pas allé constater si le chantier d'ensilage en question était vilipendé par les riverains auteurs du panneau (la pestilence des végétaux en décomposition expliquant le "Bouh ! ", mal orthographié), ou s'il s'agissait bien d'un panneau d'avertissement de l'agriculteur concernant la "boue" générée par les engins du chantier, mal orthographiée également.

Ca aura eu le mérite de nous faire sourire...

En résumé, vivement l'hiver, les routes auront été lavées par les pluies de novembre et il n'y aura que le verglas à redouter...