12 août, 2015

Ca suffit maintenant !

Ca y est, profitant de l'inertie d'un été torride incitant à l'effort minimal et au désintérêt de la chose informative, la Camarde, cette grosse s... a recommencé à sévir, au nom d'une égalité qui veut qu'elle frappe indifféremment les plus pourris comme les meilleurs d'entre nous.

Après son coup d'éclat du mois de janvier, elle a de nouveau prouvé son habileté à utiliser la gomme à effacer envers les dessineux et autres comiques graphiques, en nous privant de nouvelles aventures de Mammouth et son rat préféré Piston.

Coyote nous a quittés, ça fait chier.

Si vous voyez un nuage blanc taché de noir, c'est sa Harley qui a agrémenté de taches d'huile un paradis un peu trop propre, même si l'endroit doit commencer à être plutôt rigolo maintenant que Cabu, Wolinski et leurs copains ont  refait la déco.

Aussi, avec Terry Pratchett pour le scénario et Leonard Nimoy (Mr Spock dans Star Trek), Patrick MacNee (John Steed dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir) et Christopher Lee (Dracula dans... Dracula) dans les rôles principaux, ça nous promet un sacré film pour la rentrée, avec des vrais morceaux de nostalgie dedans.

Pour peu que BB King se charge de la bande-son, on arriverait presque à trouver un côté sympa à ces mauvaises nouvelles.

Bon d'accord, madame la Faucheuse, mais faudrait voir à s'arrêter, ça va bien maintenant, on a compris que c'est toi qui auras toujours le dernier mot, mais au moins laisse-nous encore un peu de nos copains d'enfance (ou d'éternelle adolescence), tous ceux qui nous ont fait rire, ou claquer des doigts et battre la mesure, ce qui ont su nous émouvoir ou nous faire vibrer, voire même nous faire réfléchir, et dont je ne citerai pas le nom par peur d'attirer la malédiction sur leurs têtes...

Bien entendu, je suis triste, mais je vais relire toutes ses BD, pour rire un bon coup, et encore et toujours dénicher les allusions et références qui foisonnent à chaque coin de page, et qui montrent que ce nounours aux allures de voyou était un type cultivé, qui aimait les gens et se moquait des cons (pas méchamment, juste en les rendant ridicules, ce qui est peut-être la meilleure façon de les combattre), bref qui aimait la vie.

Salut, Coyote !

02 mai, 2015



Mes motos (2) - Yamaha XT550

(suite de l'article passionnant sur mes motos , bien qu'étant plus nombriliste que nostalgique)

On continue avec ma grande saga motocycliste : J'en était donc à la geisha aguichante, la Yamaha XT550.


Avec elle j'ai retrouvé les plaisirs de la CBS125, surtout en ce qui concerne la modestie (le gros mono n'avait pas autant de "coffre" que ses prédécesseurs, norme antipollution oblige) et les frayeurs au freinage (le petit tambour avait une fâcheuse tendance au fading, surtout après une journée de montagne à deux).

J'ai découvert aussi le sentiment de solitude qui vient lorsqu'on passe en réserve alors qu'il reste 100 bornes à faire pour rentrer. Ca ne dit rien aux moins de 40 ans, mais en 1982 il n'y avait pas de station-service à chaque coin d'Intermarché et la carte bancaire était un privilège réservé aux élites dirigeantes. Le réservoir de 8 litres sur cette moto assurant à peine 150 Km d'autonomie, fallait être vigilant.


Le bestiau a donc nécessité quelques améliorations :
- Un cylindre/piston de 600 cc, récupération d'un "Ténéré" tout cassé, la greffe se fait en un après-midi, faut agrandir l'embase, on y arrive avec une bonne lime, un peu de soin et beaucoup d'huile de coude.
- Un frein à disque, récupéré aussi d'une machine de cross, superbe étrier double piston et un disque fin comme la tranche de jambon d'un sandwich de TGV. Là on parle du frein quand même : Donc, il a fallu soigner le montage et fabriquer une patte de support d'étrier en acier pour porte-avions, prise sur l'axe de roue et sur un collier autour du fourreau de fourche. Pour la tuyauterie, il existait à l'époque une boîte qui s'appelait TEID, qui vendait du tube au mètre et des raccords à olive : Avec quelques dizaines de francs et un outillage minimal, on fabriquait de la durite sur mesure parfaitement fiable, j'en ai fait pour plusieurs machines et je n'ai jamais eu de souci. Dommage, la boîte n'existe plus mais si quelqu'un connaît quelque chose d'équivalent...
- Un réservoir Acerbis de 15 litres, en plastique jaunissant et sur lequel les stickers refusaient de coller, mais incassable et assurant une certaine sérénité quant à l'autonomie.

Et c'est reparti pour les balades aux cinq points cardinaux (l'ouest, l'est, le sud-est, le sud et le sud-ouest, mon goût pour le nord ne viendra que plus tard...).



Au fur et à mesure des besoins et des nécessités, le XT subira encore quelques bricoleries : Un vrai porte-bagages, des reposes-pieds passager suspendus, une selle un peu plus confortable...


En parallèle, je m'étais attelé à la réfection d'une Moto-Guzzi 850 GT, qui devait assurer la relève et me permettre de voyager avec encore plus d'efficacité que le mono Yamaha, mais les vicissitudes de la vie m'ont conduit à m'en séparer, dommage, c'était un bon percheron, on aurait pu faire un bon paquet de bornes ensemble...



40000 Km plus tard, pas la panne de trop, non (le XT se montrant très fiable s'il est bien mené et entretenu), mais la rencontre du siècle : celle qui me faisait baver, là, devant moi, avec un gars qui me dit " si ça t'intéresse, elle est à vendre".

Un peu que ça m'intéresse une BMW R90S grise comme dans mes rêves !


Darth Vador était-il un Bosozoku ?

Ces derniers jours, j'ai profité de l'immobilisation de mon destrier habituel pour une grosse révision pour faire un peu de bornes avec la nouvelle variation de la marque aux trois diapasons autour du thème "le côté obscur du Japon" (Dark Side of Japan).

Cette référence à "Star Wars" ne vous aura pas échappé, mais on est loin de la puissance de feu de l'Etoile Noire.

On est loin aussi du vrai côté obscur du Japon dans le domaine de la moto : Là-bas, le voyou motorisé de base s'appelle un Bosozoku et se déplace vêtu d'un cuir et de cheveux gominés, sur une pétoire qu'on pourrait appeler un "Chopper Tuning Café Racer", mélange improbable dont la devise semble être "Trop, c'est pas assez".

Ces curieux personnages se déplacent en bande, font le plus de bruit possible et sont réputés pour bafouer la loi (ils se faufilent entre les voitures, c'est pour dire).

J'ai eu l'occasion d'être directement confronté à ces garnements à deux roues lors d'un récent voyage au Japon : Sur le trottoir étroit d'une rue à grande circulation, plusieurs d'entre eux discutaient, une bière à la main et encombraient le passage. Avec deux amis, nous arrivions sur leur territoire, obligés de passer au milieu de la troupe, le choix étant d'affronter cette horde patibulaire ou de se faire réduire en bouillie par le trafic.

J'imaginais déjà ma famille éplorée déchiffrant avec peine mon nom mal écrit au milieu des caractères Kanji à la rubrique des faits divers du journal local lorsque ces ados délurés se sont écartés tout en effectuant la traditionnelle courbette japonaise, l'un d'entre eux déplaçant même sa moto pour nous dégager le chemin.

C'est ça le Japon, des fois on ne comprend pas tout à fait ce qui se passe...

Revenons à la MT09 "Tracer", puisqu'il s'agit de cette machine. D'abord, et pour clore la discussion sur ce sujet, l'esthétique n'a pas grand-chose à voir avec les motos des Bosozoku ; Pour revenir à Star Wars, on serait plutôt dans le style du X-Wing.


Des angles vifs, des lignes tendues, un côté agressif, les stylistes ont beaucoup lu de Mangas dans leur enfance (ou en lisent toujours). Ce n'est pas mon genre préféré, de toute façon je trouve que les Japonais n'ont plus fabriqué de belle moto depuis la Kawa 900 Z1 en 1972. Mais bon, une fois qu'on est assis dessus, on ne la voit plus...

Justement, pour s'assoir dessus, il faut lever la jambe assez haut, et bien penser à ne pas se cogner aux poignées passager, elles sont beaucoup plus solides qu'un genou normal. Une fois en place, rien à dire, on se sent chez soi et, si ce n'est pas le cas, la selle et le guidon sont ajustables. Personnellement, je préfère la selle en position haute, ça reste acceptable pour poser le pied par terre à l'arrêt et la position des pieds, un peu trop typée "Sport" à mon goût, devient alors supportable.

J'ai essayé de régler les rétros, mais je pense qu'ils ne servent qu'à vérifier qu'on n'a pas perdu ses coudes (les articulations des bras, pas les tuyaux d'échappement !)

On démarre, les montées en régime sont alléchantes mais les bruits mécaniques ne sont malheureusement pas masqués par le bruit de l'échappement, un peu trop discret pour pouvoir apprécier la jolie sonorité naturelle d'un trois-pattes.

Première et embrayage, onctueux à souhait, et alors là.... Je suis bluffé ! Autant la MT09 roadster est insupportable, mal élevée (on ne peut pas en dire autant de la roue avant), brutale et agressive, autant la Tracer est souple, facile, plaisante, sans être fade. Le compromis est pratiquement parfait, le moteur est vraiment très sympa mais la moto n'est pas une machine qui n'incite qu'à faire des c...neries.

Miracle de la technique et du "Ride By Wire", les différents modes sont bien répartis, le mode standard est adapté à 90% des situations, le mode sportif est réellement utilisable et le mode touring est rassurant sans être anémique : Il semble que les ingénieurs japonais ont enfin compris le principe et n'ont pas renouvelé les erreurs des précédents modèles de la marque ou concurrents (voir l'article sur la XTZ1200 Super-Ténéré ).

Sur les petites routes du Vexin, l'engin est plaisant, la tenue de route, sans égaler celle d'un gros trail teuton bien connu, permet quelques rigolades, en particulier grâce au poids, sinon faible du moins bien réparti, de la bestiole. Attention quand même, l'empattement hyper-court, si il permet une grande vivacité sur petites routes viroleuses, donne une légère sensation de flou à des vitesses que la morale et le code de la route réprouvent. Cependant, ça reste une moto dans l'esprit trail, donc de toute façon la position de conduite avec le buste droit et le guidon large ne sont pas propices à une stabilité irréprochable.

Dans le cadre d'une utilisation plus quotidienne et utilitaire, là aussi la Tracer tire son épingle du jeu, malgré la largeur de son dirigeoir et de ses "protèges-mains" aussi hideux qu'inefficaces, on arrive à se faufiler entre les files de voitures sur le Périphérique, presque sans se faire corner par les T-Max, c'est pour dire. Même si les mains sont à hauteur des rétros des camionnettes et des 4X4, un peu coup de cul suffit à éviter l'obstacle, ici aussi l'agilité et la vivacité sont des grandes qualités de cette machine. Le phare LED est efficace,  mais si je n'ai pas eu l'occasion de le tester de nuit sur petite route, en tous cas il attire l'oeil de la voiture qui précède, un petit click sur le bouton (au pouce gauche et plus à l'index, dommage) et tout le monde s'écarte.

Au niveau du confort, le pare-brise réglable offre une protection assez correcte, mais le système de réglage requiert un peu d'attention, car les molettes ont tendance à se desserrer ; Cependant, aucun risque de perdre des pièces, mais l'ensemble du support devient alors assez "brinquebalant".

Je l'ai déjà dit, les protèges-mains servent uniquement à ne pas bloquer le levier de frein avant ou l'embrayage en cas d'accrochage avec un rétro, mais pas à se garantir contre les intempéries. Je ne mentionnerai pas la protection contre les projections d'eau des roues, je finirai par me fâcher...

La selle est plutôt accueillante, mais dès que l'on s'arrête et qu'on pose le pied par terre, les bords vous meurtrissent l'intérieur des cuisses, en utilisation urbaine, quand il n'y pas de possibilité de se faufiler ou qu'il y a une longue attente à prévoir assis sur la moto, ça devient désagréable.

Les reposes-pieds métalliques font un peu pauvre et, bien entendu, ne filtrent pas les petites vibrations du triple vers 5-6000 Tr/min. Là encore, rien de bien méchant, mais c'est agaçant à la longue, surtout qu'il s'agit du régime de prédilection de ce moteur.

Pour clore le sujet de l'utilisation au jour le jour, la consommation est raisonnable, de 5 à 6 litres d'extrait de pétrole raffiné au 100, selon l'usage, même si on dépasse les limites de la bienséance et des bonnes manières.

Enfin, puisque j'avais une petite arrière-pensée en essayant la Tracer, est-ce une moto de voyage ? Présentée comme la remplaçante de la TDM, cette machine est-elle aussi une bouffeuse de bornes ?

Pour être honnête, non.

Elle succède au twin historique de la marque (25 ans de carrière, entre la 850 et la 900) mais ne la remplace pas. Le défaut le plus rédhibitoire de la Tracer est son absence de côtés pratiques, aussi bien en ce qui concerne les possibilités de rangement sur la moto elle-même (pas d'espace sous la selle, même pour un antivol, ou dans le carénage) que pour l'équiper de bagagerie (valises latérales souples fermées par un zip, top-case qui masque le feu arrière, sacoche de réservoir mal placée).

A mon sens, cette moto convient parfaitement à une utilisation mélangeant le trajet pour le boulot, l'arsouille du dimanche matin entre copains et le week-end au bord de la mer en solo avec un sac ficelé sur la selle, mais pas plus.

C'est déjà pas mal, non ?

D'autant qu'au prix proposé, il n'y pas de doute que cette moto va convenir à un nombre important de motards ; Même si je ne rentre pas dans le créneau, j'admets volontiers que cette machine est une sacrée réussite... mais je garde ma TDM de 10 ans, ce n'est pas cette année que je casserai ma tirelire !

08 janvier, 2015



Les zéros et l'infini

Tristes journées, hier j'ai perdu un gros morceau de mon humanité et de mon sentiment d'appartenance à une civilisation.

Je suis d'une génération qui a grandi (intellectuellement parlant) sans beaucoup de moyens de communication, à part une télévision contrôlée par l'état, une radio sans grande indépendance non plus et une presse à l'apogée de sa puissance.

Il n'y avait que deux chaînes de TV et trois radios en "Grandes Ondes", mais une pléthore de journaux et de magazines qui ouvraient les yeux sur le monde tout en taquinant les neurones et en décrispant les zygomatiques.

Face à la grande presse, aux multiples titres d'opinions variées mais toujours servies par des vrais journalistes au talent rédactionnel sans conteste, on trouvait quelques organes plus ou moins confidentiels, trublions aux opinions tout aussi variées, un peu moins soucieux du respect des règles de l'écriture et de l'objectivité mais animés d'une réelle conviction et d'un enthousiasme débordant.

Quelques-uns, à l'esprit déjà un peu ouvert par Pilote, se souviendront de la Gueule Ouverte, du Monde Libertaire, de l'Enragé, et beaucoup ont connu le Canard, Hara-Kiri, Charlie Hebdo et l'Echo des Savanes.

Cavanna, Choron, Cabu, Wolinski, Fred, Gébé, Reiser et tant d'autres ont combattu sans relâche la bétise humaine, avec des crayons pour seules armes.

La camarde les a fait taire, soit avec l'aide de ses copines la maladie et la vieillesse, soit avec sa grande alliée du moment, la violence.

Mais outre l'intolérable carnage qui a essayé de réduire au silence Charlie Hebdo ce funeste jour de janvier 2015, c'est la réaction des autres humains qui me donne une nausée presque permanente depuis deux jours.

Un tel évènement, qui aurait suscité un recueillement digne il y a quelques années, comme on pleure en silence la disparition d'un copain d'enfance, sans larmes parce ce n'est pas ce qu'il aurait voulu, déclenche aujourd'hui, grâce aux merveilleux moyens de communication modernes, une avalanche, ou plutôt une diarrhée (car l'aspect blanc immaculé de l'avalanche ne décrit pas correctement le phénomène) verbale, au nom du droit d'expression. Ce droit se transforme ici en obligation de submerger d'opinions les réseaux "sociaux" ; On se demande d'ailleurs où est le "social" dans une activité que certains pratiquent dans leur coin sous le couvert de l'anonymat, en appelant à détruire les fondements de leur propre société.

C'est donc la grande foire de ceux qui n'ont rien à dire, de ceux qui répètent les idées toutes faites, de ceux qui sont incapables d'aligner trois mots de façon cohérente, de ceux dont le vocabulaire se limite à MDR, PTDR, LOL, de ceux qui défendent une religion sans la connaître, de ceux qui fustigent l'incapacité d'un président pour lequel ils n'ont pas voté (ben oui, puisqu'ils ne sont pas déplacés aux urnes), de ceux qui veulent jeter les étrangers dehors alors que leur grand-père italien ou polonais a subi les pires difficultés avant de finalement s'intégrer, de ceux qui mordent la main qui les nourrit mais lèchent la b... qui les enc...

Je deviens grossier, autant m'arréter là.

On entend (ou on lit) donc que c'est la faute des Juifs, des Francs-Maçons, du gouvernement, de l'opposition, des Arabes, des Français, des militaires et des coiffeurs pour dames.

On entend que c'est bien fait pour eux, qu'ils ont exagéré, que le droit d'expression ne donne pas le droit de tout dire, etc.

Mais justement, ces pourfendeurs du droit d'expression et ces chantres de la censure oublient que si on les entend, c'est grâce à ce droit d'expression, dont ils usent sans retenue pour vomir leurs idées extrémistes, au nom d'une démocratie qui n'accorderait le droit de vote qu'à leur partisans ou d'une religion dont les préceptes de tolérance, de générosité et de respect du prochain justifient des meurtres, des viols et des attentats.

Chérissons ce droit d'expression, utilisons-le avec précaution comme un bien précieux, comme une coupe en cristal d'une extrême finesse qui peut se briser si on y boit sans retenue...

Respectons aussi toutes les croyances, en ce qu'elles offrent à certains des réponses à leurs interrogations sur la vie et des règles morales à ceux qui manquent de repères, mais respectons aussi le droit de ne pas croire et de se moquer des excès en tous genres.

Sinon, l'étendue infinie de la connerie humaine (comme le disait Einstein) verra encore ses limites repoussées par de sinistres zéros qui se prennent pour des héros...