25 avril, 2014


Vallée de la Loire
Nains de Jardin, Muddy Waters et loi Evin

Comme je vous disais dans l'article sur les boucles de la Seine, on aime bien suivre le cours des fleuves ; Ici je vous emmène suivre le plus long d'entre eux, rappelez-vous les cartes de géographie, cette grande virgule qui coupe la France en deux et qui, selon les présentateurs de la météo, sert de frontière entre le soleil du Sud et la grisaille du Nord.

La Loire n'est pas un fleuve comme les autres, elle peut être bouillonnante et impétueuse lors des crues de printemps, charriant dans ses eaux boueuses des airs de Mississippi, mais aussi indolente et paresseuse, se tortillant entre ses bancs de sable, laissant à nu une terre craquelée par le soleil d'Août, et on s'attend presque à voir quelques hippopotames bâiller dans un trou d'eau de ce Niger septentrional.

Les paysages sont aussi changeants que le fleuve, avec ses maisons et ses châteaux de pierre blanche qui prennent les couleurs du ciel, éclatants au soleil et nostalgiques sous la grisaille, ses vallons et ses plaines aux multiples couleurs du blé encore vert, du jaune explosif du colza, du rouge sang des coquelicots dans un pré ou du brun des terres labourées.

Un fleuve attachant, qu'il faut avoir vu à différentes périodes de l'année, et dont on ne se lasse pas.

Je vous propose aujourd'hui de descendre environ une moitié de son cours, jusqu'à l'estuaire et l'Océan Atlantique. La partie supérieure, on en parlera un autre jour.

Promenade un peu longue, qu'il est hors de question de parcourir en moins d'une semaine si on veut jouer les curieux, visiter les sites et savourer les produits locaux.

Car si l'eau coule en abondance (et parfois en excès) dans le lit parfois changeant (lui aussi) du fleuve, un autre liquide coule presque aussi abondamment sur ses berges, il s'agit d'une boisson à base de jus de raisin fermenté que la loi N° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme (dite "Loi Evin") interdit de promouvoir. Je me contenterai donc de citer des noms de villes comme Sancerre, Saint Nicolas de  Bourgeuil, Saumur, Chinon, Vouvray, qui savent mettre en valeur les produits de la terre et promouvoir l'artisanat local, à consommer avec modération.

Cependant mon but n'est pas d'aggraver votre cirrhose du foie, mais de vous faire découvrir quelques belles régions, ce qui n'empêche pas de se faire plaisir le soir à l'étape.

http://www.gitedesvignes-sancerre.com/Région.html

On commence donc à Sancerre, perchée sur son promontoire et qui vous donnera déjà un bel aperçu de la diversité des paysages et des plaisirs du fruit de la vigne. L'itinéraire suit ensuite, non pas le fleuve, mais le canal qui lui est parallèle, jusqu'à ce que celui-ci emprunte un pont bien connu à Briare, où l'eau passe au-dessus de l'eau.

En suivant le cours de la Loire, vous verrez à quel point celui-ci a pu évoluer au cours du temps, il en est pour preuve la longueur démesurée de certains ponts, dont une partie importante passe sur ce qui est actuellement des prés ou des friches, mais qui peuvent à tout moment se retrouver sous l'eau selon les caprices du fleuve ; C'est cela la magie de cette région, revenez 3 mois plus tard et l'aspect des lieux sera complètement différent.

D'autres endroits témoignent de la volonté de l'homme de contraindre un peu le fleuve à rester à sa place, il s'agit des digues ou "Levées", délimitant l'espace réservé à l'eau et celui dévolu à l'agriculture ; On est dans l'esprit des Polders hollandais mais, comme aux Pays-Bas, la bataille se joue jour après jour. Ces levées font de superbes routes suivant au plus près la Loire, et la dominant assez pour en donner un point de vue magnifique. La route entre Blois et Chaumont en est un excellent exemple.



A propos de Chaumont sur Loire, le joli petit château qui domine la vallée recèle en son parc une curiosité réputée des amateurs de verdure du monde entier, il s'agit du festival des Jardins, qui se déroule du milieu du printemps à la fin de l'été et qui présente les plus imaginatifs des créateurs d'espaces verts.

N'hésitez pas à passer une petite journée à découvrir des créations où la nature prend des allures déjantées, inattendues ou pour le moins originales.

Retrouvez les André Le Nôtre du 21è siècle sur :
 http://www.domaine-chaumont.fr/festival_festival




Puisqu'on parle de châteaux, impossible de tous les énumérer, Blois, Villandry, Amboise, Saumur... Certains comme Chaumont ou Chambord proposent des visites hors des parcours habituels : Les salles richement décorées sont alors délaissées pour une découverte de l'envers du décor, des combles où logeaient les petites gens ou des cuisines reconstituées dans l'ambiance de l'époque. Mais il faut aussi voir les petites villes qui longent le parcours, avec les maisons de pierre blanche évoquées plus haut, qui s'alignent sur les berges dans un ensemble parfait.


A Tours, on quitte un peu la Loire pour suivre le Cher, plus civilisé et bucolique, puis on retrouve le fleuve un peu avant Langeais et son château à l'allure médiévale.

On arrive ensuite à Saumur, ville très vivante et terre promise des amateurs de chevaux, moi c'est pas mon truc, les chevaux je les préfère à la vapeur et en quantité suffisante à la roue arrière, mais il en faut pour tous les goûts.

Après Angers, la route fait un petit crochet sur l'ile de Chalonne, une des plus vastes de la Loire, et bien que séparée du "continent" par seulement quelques centaines de mètres, l'ambiance est particulière de par ses habitants farouchement attachés à leur bout de terre. Il faut dire que celle-ci est recouverte parfois par plus de 50 centimètres d'eau, cela favorise la solidarité entre les iliens.

On évite Nantes, mais rien ne vous empêche d'y faire un saut si les grandes villes vous plaisent. En fait, c'est surtout un prétexte pour contourner les grands ponts et passer par le bac du Pellerin : A partir de là, on est dans l'estuaire, la Loire s'épaissit, s'élargit, s'étale en zones marécageuses mais aussi se garnit d'industries plus ou moins fréquentables.

Alors tant pis, on s'éloigne un peu de la Loire pour traverser Saint Nazaire et retrouver plus loin ce qui n'est plus un fleuve et déjà l'Océan : L'endroit où se termine ce périple est particulier car chargé d'histoire et connu des cinéphiles du monde entier, il s'agit de Saint Marc sur Mer, lieu du tournage des "Vacances de Monsieur Hulot" de Jacques Tati.

Je sais, il y en a que les films de Tati agacent prodigieusement, mais selon moi c'est quelqu'un qui est au cinéma ce que Picasso est à la peinture, rien de moins.

Petit coup de nostalgie, placez-vous à côté de la statue de Mr Hulot qui domine l'Hôtel de la Plage (par malheur la spéculation immobilière a remplacé la maison de la jolie blonde à l'électrophone par des hideux "petits immeubles de grand standing") et contemplez l'endroit où les eaux dévalant les monts du Vivarais se perdent dans l'Atlantique.

Ici passent d'autres voyageurs, qui s'en vont vers des pays lointains et ne reviendront peut-être pas, mais vous, j'en suis certain, vous reviendrez sur les bords de ce fleuve.

Quelques adresses :
- Hôtel du Rempart à Sancerre www.hotel-du-rempart.com , rustique mais une bonne table et une vue magnifique sur le vignoble.
- Hôtel de France et de Guise à Blois www.franceetguise.com, très classique mais bien situé et avec possibilité de garage fermé pour la moto. Un bon point de chute pour un week-end au festival de Chaumont.
- Hôtel Le Canter à Saumur http://www.hotel-lecanter.fr/ , un peu à part, mais la ville étant assez animée, un hôtel central n'est pas de tout repos ; Accueil sympathique, bon marché et là aussi un coin tranquille pour garer la moto.
- La Route du Sel à Ingrandes http://routedusel.free.fr/accueil.htm , vue sur Loire et cuisine soignée, confort correct (bien que la douche soit vraiment microscopique !)

Ces adresses sont localisées sur l'itinéraire.

D'ailleurs, l'itinéraire le voici, je ne vais pas vous faire languir plus longtemps :

Sancerre - Pornic (format gdb)
Sancerre - Pornic (format gpx)


A noter que cet itinéraire ne se termine pas avec Monsieur Hulot mais continue vers le sud, pour le plaisir de prendre le grand pont de Saint-Nazaire et pour rejoindre les stations balnéaires : Saint Brévin, Tharon-Plage, la pointe Saint-Gildas et Pornic (voir l'article sur Tharon-Plage)


23 avril, 2014



Espagne, côté Atlantique

Episode 6 : Galice et Asturies (et fin du voyage)

Nous voici donc à O Vincendo, où on se dit qu'on y passerait bien le reste des vacances, et même plus. C'est un petit coin de paradis, avec une ambiance de port de pêche canadien, un arrière-goût de plage caribéenne, une pointe de climat breton (estival), le tout épicé aux piments espagnols.



La moto reste posée dans un coin de la cour de l'hôtel, on change de menu : Glandouille sur la plage et balades à la découverte des alentours, c'est rocailleux et ça grimpe mais le spectacle est au rendez-vous.

Ca pourrait faire penser aux Cinque Terre en Italie, mais c'est moins touristique, un peu moins spectaculaire mais avec beaucoup de charme.

C'est aussi moins onéreux ; Comme évoqué dans le précédent article sur la Galice, un chambre tout confort à l'unique hôtel de la ville (et peut-être à 20 Km à la ronde...) ne coûte que 30 euros, je me répète mais l'Espagne est vraiment un pays bon marché, et l'accueil est toujours très agréable.

Malheureusement l'échéance du retour à la dure réalité se rapproche, il faut songer à repartir. On continue donc à suivre la côte de la mer Cantabrique, mais cette fois-ci la boussole indique l'est. Toujours cette alternance de montagne et de criques, et on arrive au petit port de Luarca.

Puis, un peu perdu par l'absence de cartes précises de la région (pas faciles à trouver sur place, essayez plutôt de trouver en France les cartes d'un célèbre fabriquant de pneumatiques) et éprouvant soudain une envie de ne pas suivre les injonctions du GPS, je me suis retrouvé à suivre une route improbable mais pittorresque. Je voyais bien que le direction était globalement vers le sud-ouest alors qu'il nous fallait aller vers le levant, mais l'aspect de plus en plus alpestre des paysages n'était pas pour nous déplaire.


Mine de rien, on s'engageait dans les Asturies, cette belle chaîne de montagnes qui pointe à l'horizon depuis le début de notre périple, et dont on avait eu un petit aperçu en montant sur Leon. Sauf que là, pas d'autoroute au revêtement billardesque, on s'est retrouvés sur un chemin à peine empierré au milieu de nulle part, avec de loin en loin quelques fermes isolées, et des gens hors d'âge qui nous faisaient de grands signes de la main depuis leur champs où ils ramassaient un maigre foin, bien étonnés de voir des voyageurs en moto passer par chez eux.

Un genre de voyage dans le temps, ponctué par une halte dans un minuscule village avec un restaurant fréquenté uniquement par les ouvriers agricoles de la région. Ici, personne pour parler ne fut-ce que des rudiments de la langue de Molière, alors comment se faire comprendre pour expliquer ce qu'on voulait manger ? Facile, il y avait à chaque fois deux entrées ou deux plats à choisir dans le menu : Il suffit alors de pointer chaque index des deux mains et de dire "Un et un" (avé l'assent ça fait "Oune et Oune"). Problème, il y avait un choix de trois desserts... Tant pis, la patronne pas embarrassée nous a apporté les trois en nous faisant comprendre qu'on paierait le même prix (même pas 10 euros par personne).

C'est une petite anecdote de rien du tout, mais c'est une fois de plus une confirmation que les gens sont accueillants en Espagne !

On a ensuite continué par des routes vertigineuses, par endroits à peine plus larges que la moto, bien que parfois dévalées par des camionnettes en folie, obligeant à se garer sur le bord de la route, là où on pose un pied seulement, du côté du bitume, parce que pour poser l'autre pied sur le sol il faudrait une jambe de 200 mètres de long. Malgré la chaleur, on a eu quand même quelques frissons... Ici pas de risque de s'empaler sur un rail de sécurité, ceux-ci sont d'origine végétale, bio à 100% et ne dépassent pas 10 cm de haut, à cause de la sécheresse.



Au bout d'un après-midi, on a retrouvé un peu de 21ème siècle dans la jolie vallée de L'Alande, qui nous a ramenés dans la direction orientale de notre trajet de retour. Escale nocturne à Pola, puis on continue à redescendre vers l'océan.

Là, le bout de la route c'est le magnifique village de Llastres accroché à la falaise qui domine le port, et ses fameuses sardines grillées.


C'est sur cette note gastronomique qu'on décide de filer au plus vite vers la France, notre escapade montagnarde nous a fait perdre près d'une journée et il nous reste à explorer un peu le Pays Basque, donc un (gros) coup d'autoroute et on arrive à Bergara. On se trouve un vieil hôtel plein de charme et on découvre une ville très vivante, et notre dernière soirée espagnole est ponctuée d'un concert de rock sur les bords de la rivière et d'un orage cataclysmique qui pousse la moitié de la population à se réfugier dans le bar. Ce sera la seule pluie de notre voyage, mais elle a contribué à nous faire passer une soirée mémorable.


Le lendemain matin, réveil en fanfare, au sens propre car c'est dimanche et l'harmonie municipale sillonne les rues de la ville en faisant résonner les musiques traditionnelles. Petit pincement au cœur, c'est comme une façon de nous dire au revoir...



C'est ensuite le retour vers la France en sillonnant le Pays Basque, dans les montagnes cette fois-ci, et le temps un peu maussade ne gâche pas un paysage magnifique et verdoyant. On arrive à Saint-Jean Pied de Port (et non pas pied de porc comme je l'ai déjà vu, rien à voir avec la charcuterie, il s'agit de la ville au pied du port, autre nom pour désigner un col). On retrouve le plaisir de se faire rouler dessus par les automobilistes inattentifs et individualistes, la sensation grisante de risquer son permis de conduire pour un Km/h de trop (quatre radars entre St Jean et Biarritz, soit environ un tous les 10 Km), l'essence à 1,60 euros le litre, le retour chez soi, quoi...

Après un tel voyage, c'est dur... Que dire de plus que je n'aie déjà dit ? On gardera un souvenir impérissable de ce séjour, le nord de l'Espagne est vraiment un pays fabuleux à vivre et à parcourir en moto, ce n'est pas la porte à côté mais ça vaut vraiment le coup.

Quelques adresses :
- Le restaurant sur le port de Llastres, j'ai oublié son nom mais il n'y en a qu'un, réputé pour ses sardines grillées et son serveur déconnant qui parle (mal) 25 langues en les mélangeant toutes, surtout quand il s'agit de draguer les filles...

- Hotel Ormazabal à Bergara http://hotelormazabal.com/fr/index.php caché dans le dédale des rues et identique à ce qu'il devait être au début du 20è siècle (avec la salle de bains en plus)

Une fois n'est pas coutume, je vous propose deux itinéraires :
- La suite de la route le long de la côte Atlantique, y compris notre détour dans les montagnes :
O Vincendo - Llastres (format GDB)
O Vincendo - Llastres (format GPX)

- La route dans le Pays Basque, qui peut faire un itinéraire en partant la côte Française :
Llastres - St Jean PdP (format GDB)
Llastres - St Jean PdP (format GPX)




07 avril, 2014


Essai moto : La raison du moins fort...

On continue dans le maxi-trail avec le vilain petit canard dont personne ne veut parler dans les comparatifs, sans doute à cause de sa discrétion et sa sobriété par rapport aux motos de GP équipées d'un grand guidon que les fabriquants européens persistent à faire rentrer dans la catégorie des machines au long cours, et que les journaleux persistent à essayer sans jamais poser la roue avant sur le sol.

J'ai donc enfourché ce week-end une machine de la marque aux trois diapasons, appelée pompeusement du nom d'un désert africain.

Je n'avais pas été convaincu par la première mouture du modèle, dont le moteur faisait preuve d'une évidente mauvaise volonté à descendre en-dessous de 4000 Tr/min, ne se sentant bien qu'à des allures réprouvées par la loi. Associé à un centre de gravité himalayesque, l'engin se montrait aussi bien adapté à la circulation urbaine qu'un char Patton (dont la marque n'est pas la préférée de certains de nos amis d'outre-Rhin).

Miracle de l'électronique, la version 2014, "ZE" pour les intimes, a vu son comportement changer du tout au tout, présentant une rondeur tout en souplesse (ou une souplesse tout en rondeur) à basse vitesse tout en gardant une belle allonge, passé le seuil fatidique des 4000 Tours.

Je me permets ici un aparté au sujet du "Ride By Wire", que Gogol traduirait par "Chevaucher un fil" mais qui signifie en fait que le conducteur demande et l'électronique commande. Selon la rotation du poignet droit du premier, la deuxième calcule, évalue, corrige, anticipe et finalement accepte de déverser quelques gouttes d'hydrocarbure à 1,50 euro le litre dans les cylindres.

Cette opération est (plus ou moins) contrôlée par le conducteur, selon un choix de "Modes", qui sont censés modifier le comportement de l'injection, donc le caractère du moteur. La tendance du moment, principalement chez les constructeurs teutons, latins et britanniques, consiste à lui donner surtout un sale caractère, les choix de mode allant de l'agressivité mal maîtrisée à la sauvagerie indomptable.

Qu'on se rassure, les ingénieurs d'Iwata ont décidé de n'offrir que deux modes à leur 1200, le premier pouvant être résumé par les qualificatifs de "sportif et viril", le deuxième étant la timidité maladive. Si le mode "S" convient dans 99% des situations, moyennant certains à-coups qui ne surprendront pas les habitués de la marque, le mode "T" ne commence à trouver son utilité qu'en cas de remontée de file sur le périphérique parisien un vendredi soir par temps de pluie verglaçante. Même le petit coup de gaz accompagnant le rétrogradage devient anémique...

En parlant d'utilisation urbaine, la souplesse du moteur évite les crampes à la main gauche, plus besoin de se crisper sur l'embrayage. Par contre, le centre de gravité reste élevé, et avec la largeur du guidon il vaut mieux éviter les interfiles au micropoil près, tant pis pour le T-Max qui corne derrière, il attendra que ça se dégage un peu.

Quant à la hauteur de selle caractéristique d'un maxi-trail, qu'on se rassure, la Super-T ne déroge pas à la règle. Non pas qu'il faille des platform shoes pour poser le pied par terre au feu rouge, mais il faut prendre des cours de danse et lever la jambe loin vers le ciel pour enfourcher l'engin, surtout à cause de la selle passager qui culmine à une hauteur impressionnante. Si votre petite amie est sujette au vertige, elle risque d'être mal à l'aise

En dehors de nos agglomérations saturées de particules fines, le twin montre une belle aisance, tout en restant dans les limites du raisonnable. Ca reste efficace mais sans fioritures, mais on n'est pas au niveau de certaines bombasses européennes qui arrachent les bras et font s'envoler les points de permis (voir l'article Comparaison n'est pas raison )

Faut dire aussi que l'interprétation des normes et des règlementations est légèrement différente selon le pays d'origine de la machine (voir aussi l'article déraison et décomparaison ).

La moto en question souffre donc d'un handicap de canassons en utilisation intensive, mais il en reste suffisamment pour s'amuser un peu tout en sachant revenir à la raison tant qu'il en est encore temps.

Le châssis, à la précision un peu en retrait par rapport à la référence dans le domaine, ne permet pas autant d'optimisme sur les vitesses atteignables quelque soit l'état de la route, mais il suffirait peut-être d'accorder précisément les suspensions pour arriver à un résultat probant. A ce sujet, je n'ai pas été convaincu par les réglages électroniques, autant par leur incidence sur le comportement de la machine que sur l'ergonomie de leur contrôle.

Toujours au sujet de l'ergonomie, saluons un tableau de bord moderne aux affichages innombrables dont la sélection vous fera passer le temps lors des longues étapes sur l'autoroute, dommage que le contraste soit si mauvais en plein soleil (ça se règle aussi, mais c'est comme les suspensions, la plage d'ajustement est située à plus ou moins 0,5% de la valeur nominale).

Puisqu'on parle de l'autoroute, il faut mentionner le confort, lui aussi un peu en retrait par rapport au modèle-phare. La protection est plutôt bonne, le pare-brise réglable est très pratique, mais la selle tanne un peu le c... au bout d'un après-midi sur les petites routes du Vexin, dont j'ai déjà chanté les nids de poules et les raccords de bitume (Tant que vous y êtes, allez voir aussi l'article sur les châteaux du Vexin ).  Là aussi un travail sur les suspensions serait à effectuer, mais les week-ends ne font que deux jours et il va falloir rendre la moto à son propriétaire.

En résumé, c'est comme les annotations sur mes bulletins de notes de deuxième trimestre "En progrès, peut mieux faire". Dommage, la moto a un réel potentiel, le moteur se montre très plaisant avec sa nouvelle cartographie et son prix n'est pas égal au PIB annuel du Botswana.

On est quand même plus près d'une moto de tourisme et de voyage que d'une Hypersport déguisée en baroudeuse telle que celles produites outre-Manche, outre-Alpes et outre-Rhin. Au lieu d'une top-model allemande survoltée à la cocaïne habitant un loft saturé de musique techno, on est ici avec une geisha toute en raffinement et en subtilité dans un intérieur cossu mais sobre...

Vous je ne sais pas, mais moi, sur le long terme, mes moyens moraux, physiques et financiers me feraient plutôt choisir la deuxième solution.