04 novembre, 2014



On ira où tu voudras, quand tu voudras...

Aujourd'hui, pas de digression oiseuse, pas de diatribe véhémente envers un des nombreux torts de notre monde moderne, non, juste une belle balade pour profiter de l'exceptionnelle météo qui pare ce mois d'octobre d'une lumière d'or.

Cette saison, chantée par un benêt strabique dont le seul point commun avec l'auteur de ces lignes est la date d'anniversaire (merci d'y penser la prochaine fois) et le goût pour les pains au chocolat (Ya-Ya Ya-Ya), est appelée été indien et présente en effet un contraste délicieux avec la saison précédente, appelée été français, aussi médiatisée sous le vocable d'été pourri.

Si c'est une conséquence du réchauffement climatique, j'en viendrais presque à dénoncer en mon nom le protocole de Kyoto afin de pouvoir profiter de la douceur automnale le plus longtemps possible avant de s'enfoncer dans les rigueurs hivernales.

Une jolie promenade donc, à travers les plaines et vallons du pays de Bray, presque frontière entre la Picardie et la Normandie, au point que les maisons en briques rouges se partagent l'espace avec les fermettes à colombages. Le labyrinthe ornant la nef de la cathédrale d'Amiens n'est pas sans rappeler l'entrelacs de petites routes vous conduira jusqu'à cette étape importante (mais non obligatoire) de cet itinéraire, depuis la station balnéaire mais néanmoins banlieusarde de L'Isle-Adam.

Profitez donc de la lumière douce de l'arrière-saison pour savourer les couleurs fauves des bois sillonnés par le premier itinéraire, et réservez votre première promenade du mois de juin à la seconde balade, variante de la précédente, qui évite Amiens et vous fera passer par Gerberoy, ville des roses. Telle qu'au début de 19è siècle, elle est le site de tournage de nombreux films et son charme suranné ne vous laissera pas indifférent, vous qui cachez votre coeur de midinette sous un tatouage Harley-Davidson du plus bel effet.

On est donc passé de l'Indian à l'Harley, belle transition sur laquelle je conclurai ce petit article...

Pour ne pas trop vous perdre, suivez le guide :

Itinéraire 1 : Amiens
Amiens - Pays de Bray (format gdb)
Amiens - Pays de Bray (format gpx)


Itinéraire 2 : Gerberoy
Gerberoy - Pays de Bray (format gdb)
Gerberoy - Pays de Bray (format gpx)

29 octobre, 2014


Je vais faire mes valises et foutre le camp...

(I'm gonna pack my bags and make a getaway, Chuck Berry, "Saint Louis Blues")

Attention, les lignes qui vont suivre énoncent des évidences, des règles de bon sens vieilles comme le monde, voire des conseils bétifiants.

Si vous n'avez pas envie de lire ce genre de choses et que votre longue expérience vous assure un voyage sans encombre et une route sereine pavée de pétales de roses et bordée de radars automatiques en panne, passez votre chemin.

Sinon, j'ose espérer que ces simples conseils, à la lumière d'expériences personnelles plus ou moins heureuses, seront utiles à certains rencontrés en route  ...

D'abord, et c'est triste à dire, mais le motard français des années 70-80, avec ses affaires ficelées sur la selle et emballées dans des sacs-poubelles bleus, à malheureusement disparu. Le sac-poubelle est maintenant gris ou noir, tout fout le camp...

De plus, sa fragilité évidente, qui fait que la cohabitation avec les crochets des tendeurs ouvrait une brèche béante à l'humidification du sac de couchage à la moindre averse, l'a renvoyé en son domaine initial, sous l'évier ou au fond du garage.

Le motard du 21e siècle est maintenant équipé en plastique dur, voire en métal brut de fonderie. Tout ceci assure à la fois solidité et protection contre le malandrin voleur de petites culottes, mais ces derniers temps la tendance est un peu à l'embonpoint et cela donne rapidement à votre fine gazelle motorisée un aspect éléphantesque, certes statutaire, mais parfois gênant dans les embouteillages parisiens ou les rues étroites des petits villages des Asturies.

Donc, premier point, en termes de bagagerie, voyez un peu plus petit que vous ne pensez, ainsi vous serez obligé d'optimiser le remplissage.

Il est indispensable aussi de répartir les masses, et un bon moyen pour cela, c'est la sacoche de réservoir. La fixation peut être aimantée, sur un tapis ou le bouchon de réservoir, selon les goûts. Le tapis fixé à demeure masque le réservoir mais le protège aussi des petits chocs. Attention, si vous roulez dans la poussière, il est impératif de nettoyer périodiquement l'intérieur du tapis sinon la poussière accumulée va se transformer en abrasif : Avec les vibrations et les petits mouvements du tapis sur le réservoir, ce dernier va se retrouver dépoli en un rien de temps...


Beaucoup de sacoches de réservoir peuvent se transformer en sac à dos, n'hésitez pas, c'est vraiment très pratique.

Attention, toutes ne sont pas aussi pratiques. Comme quoi il faut vérifier les dimensions avant d'acheter sur Internet.

Dernier point concernant la bagagerie, évitez de charger sur la fourche, ça donne peut-être un look "Easy Rider" mais ça n'est pas très optimal pour la conduite de la machine. A la rigueur une veste de pluie dans un paquet bien ficelé, mais pas une trousse à outils de 4 kilos...

Pour optimiser le contenu, quelques principes de base : Un peu de lessive ou de la petite monnaie (pour la laverie automatique) prennent beaucoup moins de place que du linge de rechange pour un mois. Bien entendu, cela n'est pas valable si vous envisagez de parcourir la piste allant de Dalanzagdad à Krasnokemensk en passant par le désert de Gobi, mais dans ce cas il se trouvera peu de gens pour vous reprocher votre tenue négligée..

De même, trois T-Shirts superposés font à peu près le même boulot qu'un pull moyen. Là aussi, si votre périple vous fait suivre la côte sud de l'Islande de Kirkjubaejarklaustur à Borgarfjörur Eystri au mois de mars, ça va être un peu juste, mais pour passer les cols des Alpes en redescendant sur la Côte d'Azur, ça suffira.

 Enfin, bon, même si il se met à faire plus chaud, ne retirez pas tout quand même...

Poursuivons dans l'optique de réduire les volumes tout en gardant l'indispensable, soyez un geek astucieux en choisissant vos jouets (téléphone, tablette, appareil photo, que sais-je) utilisant tous le même chargeur de batterie ; Le micro-USB commence a être une norme, mais certains constructeurs, dont un a repris le nom du label discographique des Beatles, s'assurent une originalité payante en personnalisant leurs connecteurs.

Si vous embarquez une "liseuse", avec la ferme intention de vous replonger dans La Recherche du Temps Perdu de Proust entre deux bastons avec les copains dans la montée du col de Tende, ajoutez à votre collection de romans policiers malgaches et vos poètes suédois le manuel d'atelier en PDF de votre moto, on trouve ça sur tous les forums dédiés à votre marque préférée et ça peut servir.

Toujours dans le domaine du numérique, téléchargez sur un site de partage de photos ou tout simplement envoyez-vous un mail avec les scans de vos documents d'identité, carte grise, et quelques photos de la moto. Sans être parano au point de craindre de vous faire détrousser de vos papiers et de votre pétoire par les indépendantistes berrichons de Nouan-le-Fuzelier, vous pourrez toujours montrer aux forces de l'ordre à quoi ressemblait votre chère B.. R1200CL avec sa peinture personnalisée.


 Le gendarme pourra ainsi vite vous rassurer, elle n'a pas été volée mais enlevée de la voie publique où elle était garée, pour outrage à l'esthétique.

Comme malgré mes conseils vous avez abusé un peu et rempli plus que de raison vos valises, vous n'avez peut-être pas remarqué, mais le couvercle ne joint plus très bien. Après 300 Km sous la pluie, votre espoir d'enfin enfiler des vêtements secs à l'étape va se transformer en cruelle désillusion. Redonnez un sens à l'existence des sacs-poubelle relégués sous l'évier (voir plus haut) en emballant dans iceux vos petites affaires avant de sauter à pieds joints sur la valise pour la fermer.

N'oubliez pas qu'on a TOUJOURS une bonne occasion de remplir encore plus ses bagages au cours du voyage : Le pique-nique du midi, un T-Shirt souvenir "Mes copains sont allés à Ambatofinandrahana et tout ce qu'ils m'ont ramené c'est ce T-Shirt idiot", le bidon d'huile acheté en route... Prévoyez donc de garder un peu de place vide, de préférence dans le top-case, la répartition des masses vous en sera reconnaissante.

(Pour les nuls en géographie, Ambatofinandrahana c'est sur la route numéro 35, un peu avant la bifurcation vers Ambohimanatahotra)

Ah, j'allais oublier, la moto ; Quelle est la meilleure moto pour voyager ? Réponse : La vôtre.

Celle que vous connaissez, qu'au fil du temps vous avez équipée pile-poil comme il faut, même si le résultat est parfois... surprenant (voir photo ci-dessus). et qui vous a appris que tout nouvel aménagement DOIT être essayé durant au moins 100 Km avant de partir faire la traversée du département de la Haute-Marne sans assistance.

Bien entendu, ce conseil est aussi valable pour votre équipement personnel : Rien de plus ennuyeux que de se rendre compte que les superbes gants qui étaient "un peu justes, mais ils vont se faire et puis en solde à ce prix c'est une affaire" vous font souffrir le martyre au bout de 50 bornes, ou qu'on avait oublié que le pantalon de pluie était déchiré précisément à l'endroit qui vous assure un bain de siège à la moindre averse. Parce que, évidemment, il vaut mieux faire cet essai un jour de pluie...


Rien de plus à dire, préparez-vous au mieux mais sachez que les meilleurs souvenirs sont aussi faits des petits tracas...


04 septembre, 2014

Quarante mille kilomètres.

C'est la distance à parcourir pour faire le tour du monde en suivant l'équateur. Comment se fait-il que certains, en affichant 130 000 bornes au compteur, n'en soient qu'à la moitié ?

C'est la question à laquelle à refusé de répondre Trevor, rencontré cette semaine ; Il n'en avait pas la moindre idée, de même qu'il ne savait pas encore si il en était vraiment à la moitié, de même qu'il ne savait pas non plus si il allait réussir à faire les 30 kilomètres suivants.

C'est un des nombreux tourdumondistes qui sillonnent les quatre coins du globe (c'est ça qu'on appelle la géométrie variable), parti il y a exactement 2 ans de Washington après avoir lâché son boulot d'ingénieur, parce qu'il s'était dit qu'à 57 balais il n'allait pas attendre d'être à la retraite pour faire sa balade (surtout dans un pays réputé pour ses prestations sociales assez peu généreuses), et que c'était maintenant ou jamais.

Ce n'est pas un acharné du tour du monde en 80 jours, lui c'est plutôt en 80 mois qu'il va boucler la boucle, parce que la ligne droite n'est pas toujours le meilleur chemin d'un point à un autre (1er axiome de la géométrie variable).

Qu'on en juge plutôt (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :


Vous voyez, là, en bas à droite de l'image, y'a pas de traits rouges, et puis il en manque un bout, vers l'est, où y'a rien non plus...

Un peu dubitatif pour traverser directement du Nord au Sud le continent africain, chaque pays présentant d'intéressantes spécificités dans le domaine du décès prématuré de l'être humain, que ce soit à coup de politique, de croyance religieuse ou de virus Ebola, il envisage maintenant de rejoindre son Walhalla personnel (l'Afrique du Sud) en passant par la Pologne, l'Ukraine, la Turquie, l'Iran et L'Arabie Saoudite.

On a eu beau lui expliquer que Georges-Marie Haardt, colonisateur franco-belge sponsorisé par Citroën et inventeur du rallye Paris-Alger-Le Cap en autochenille, avait choisi un chemin bien plus court, il n'en démord pas, arguant que la Super-Ténéré ne mérite pas complètement son nom et est plus à l'aise sur les routes en dur que sur le sable (faut dire, il n'a pas vraiment tort), donc qu'un "léger" détour est à envisager pour bénéficier de conditions de circulation plus tranquilles (?).

Leurs routes fussent-elles convenablement macadamisées, je ne suis pas certain que l'Ukraine, l'Iran et l'Arabie Saoudite soient des pays très fréquentables pour quelqu'un en provenance des Zétazunis, fût-il muni d'un passeport Australien, mais bon...

A peine troublé par la sournoise défection d'un tendeur de chaîne de distribution qui aurait pu mettre à mal ses projets et ses soupapes d'échappement, il envisageait déjà de rejoindre Le Cap par les transports en commun, se trouver une pétoire quelconque sur place et remonter en France en attendant la réparation de sa Yamaha.

Coup de bol, malgré 4 dents sautées sur l'arbre à cames d'admission, pas de dégâts sur le haut-moteur, un tendeur neuf et c'est reparti, pour une chaîne neuve on attendra le prochain concessionnaire, à Przeworsk, Dogubayazit ou peut-être même Bandhar-E-Ganaveh, où la plage est sympa mais on y voit peu de jolies filles en string.

Partant du principe que la Super-T ne lui avait causé aucun souci en 78000 Miles jusqu'à ce qu'un malheureux tendeur vienne à faire défection, il ne voyait pas de raison à ce que la machine ne continue pas comme ça, et qu'au moins il avait largement passé le cap des éventuels défauts de jeunesse.

Bonne chance, Trevor, et bon courage surtout, malgré ton tapis de selle en billes de bois, taillé dans le couvre-siège d'un chauffeur de taxi New-Yorkais, tu n'as pas fini de te tanner le derrière... Mais on te souhaite surtout des belles rencontres et des souvenirs plein la tête.

Pour le suivre sur Touiteur et Fesse de Bouc :

https://twitter.com/aroadanywhere

https://www.facebook.com/aroadanywhere?fref=nf









15 juin, 2014


Des culottes, des bottes de moto, un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos...

Cette semaine j'ai entendu à la radio une actualité sur une campagne d'information destinée aux conducteurs de deux-roues parisiens, sous la forme d'une lettre déposée sur la selle des motos et scooters.

La lettre relatait l'accident survenu à un jeune homme en scooter qui a été percuté par une voiture, alors qu'il roulait à faible allure et à qui l'équipement adapté et complet (casque, gants, blouson airbag) avait évité de finir ses jours dans une chaise roulante.

D'autres lettres narraient le même genre d'accident, à chaque fois l'équipement du conducteur du deux-roues avait permis de limiter les dégâts corporels.

Bon, jusqu'ici, d'accord, pourquoi pas, c'est vrai qu'il vaut mieux une paire de gants et des vêtements un peu solides pour éviter d'avoir la peau ressemblant à une pizza bitume-gravillons à la moindre gamelle, quant au casque, c'est une évidence.

Encore que, vu le nombre d'accidents relatés qui concernaient des chocs avec des voitures, qui semblaient toutes avoir une part de responsabilité non négligeable dans l'affaire, on se demande si il ne fallait pas aussi placer ces lettres sous les essuies-glaces des zotomobiles parisiennes.

Là où ça se corse et où il faut (une fois de plus) admirer l'esprit d'impartialité et le sens de l'information exhaustive qui animent nombre de frais diplômés des écoles de journalisme et de communication, la suite du sujet radiophonique présentait ce qu'on appelle un radio-trottoir, qui consiste en gros à demander leur avis à des gens pris au hasard au coin de la rue et dont les quelques banalités bafouillées sont immédiatement mises en onde pour diffuser la voix du peuple et du bon sens.

Il s'agit donc d'énoncer comme une vérité absolue un sondage effectué parmi un échantillon représentatif de trois personnes.

Nantie de sa longue expérience motocycliste (Boulevard Saint-Michel - Nation derrière son petit copain de l'époque en Mobylette un jour de grève du métro), une brave ménagère de moins de cinquante ans a donc clamé à la face du monde et aux oreilles des auditeurs du service public qu'elle approuvait chaudement cette campagne en ajoutant qu'elle allait illico montrer cette lettre à son adolescent boutonneux pour le dissuader de vouloir affirmer son indépendance au guidon d'un engin motorisé à deux roues.

Affirmation péremptoire et sans conteste : "C'est cause de moult tracas, il convient donc qu'il n'en aie point"

Bravo, ma grande, c'est aussi au nom de ce grand principe que tu l'amènes à l'école en voiture plutôt que de lui apprendre à regarder à droite et à gauche avant de traverser l'unique passage piéton jalonnant les trois cents mètres séparant le giron familial du groupe scolaire.

C'est aussi au nom de ce principe que pour ses quatorze ans, il n'aura pas un scooter mais un ordinateur avec lequel il pourra, depuis le cocon sécuritaire de sa chambre, surfer sur des sites néo-nazis, regarder des films pornos ou insulter ses petits camarades sur fesse-book, bien planqué derrière un anonymat rassurant.

Au nom de ce principe, la maman du premier gosse qui s'est brûlé avec le feu allumé par son pithécanthrope de mari aurait dû interdire à ce dernier de renouveler l'expérience au nom de la sécurité de sa progéniture.

Comment ne pas s'étonner que, à notre époque opaque, on exalte ce genre de mentalité en interdisant tout ce qui peut troubler le bien-être des être humains ?

Je roule en moto car je sais que je suis VULNERABLE : Le prix à payer peut être élevé, mais la volonté de maîtriser son destin et d'être responsable de soi-même est ce qui a, de tout temps, fait avancer la civilisation et différencié l'Homo Sapiens de la larve du concombre de mer.

(Vous qui passez le bac philo demain, vous pouvez me citer, mais je ne suis pas certain de faire partie des grands penseurs humanistes agréés par la Fédération Française des Correcteurs de Copie)

Bien entendu, ça ne me plait pas du tout d'être bousculé par un abruti qui conduit tout en répondant à ses mails, mais je ne pense pas que l'interdiction de se servir du téléphone au volant va bouleverser l'évolution alors que je suis persuadé que Mozart ou Pierre Curie n'auraient pas eu la même influence sur le monde si leur mère leur avait interdit de sortir au risque d'attraper un rhume.

(d'autant qu'il est notoire que Pierre Curie fut écrasé par un fiacre que le cocher conduisait tout en répondant à ses mails sur son smartphone)

Bon, fini de râler, un peu de culture maintenant :

L'anecdote du pithécanthrope est une réminiscence d'un excellent bouquin sur la préhistoire, très drôle et très instructif à la fois : "Pourquoi j'ai mangé mon père" de Roy Lewis

Ensuite, on ne peut évoquer "l'Homme à la Moto" chanté par Edith Piaf sans parler de la version de la chanteuse Juliette, fille spirituelle (dans les deux sens du terme) de Bobby Lapointe et de Magali Noël (inoubliable interprète des chansons de Boris Vian). Ca se trouve sur Ioutioube ou des Lits Mochion, cherchez un peu...


Ceci dit, même en moto, sortez (bien) couverts ! !

25 avril, 2014


Vallée de la Loire
Nains de Jardin, Muddy Waters et loi Evin

Comme je vous disais dans l'article sur les boucles de la Seine, on aime bien suivre le cours des fleuves ; Ici je vous emmène suivre le plus long d'entre eux, rappelez-vous les cartes de géographie, cette grande virgule qui coupe la France en deux et qui, selon les présentateurs de la météo, sert de frontière entre le soleil du Sud et la grisaille du Nord.

La Loire n'est pas un fleuve comme les autres, elle peut être bouillonnante et impétueuse lors des crues de printemps, charriant dans ses eaux boueuses des airs de Mississippi, mais aussi indolente et paresseuse, se tortillant entre ses bancs de sable, laissant à nu une terre craquelée par le soleil d'Août, et on s'attend presque à voir quelques hippopotames bâiller dans un trou d'eau de ce Niger septentrional.

Les paysages sont aussi changeants que le fleuve, avec ses maisons et ses châteaux de pierre blanche qui prennent les couleurs du ciel, éclatants au soleil et nostalgiques sous la grisaille, ses vallons et ses plaines aux multiples couleurs du blé encore vert, du jaune explosif du colza, du rouge sang des coquelicots dans un pré ou du brun des terres labourées.

Un fleuve attachant, qu'il faut avoir vu à différentes périodes de l'année, et dont on ne se lasse pas.

Je vous propose aujourd'hui de descendre environ une moitié de son cours, jusqu'à l'estuaire et l'Océan Atlantique. La partie supérieure, on en parlera un autre jour.

Promenade un peu longue, qu'il est hors de question de parcourir en moins d'une semaine si on veut jouer les curieux, visiter les sites et savourer les produits locaux.

Car si l'eau coule en abondance (et parfois en excès) dans le lit parfois changeant (lui aussi) du fleuve, un autre liquide coule presque aussi abondamment sur ses berges, il s'agit d'une boisson à base de jus de raisin fermenté que la loi N° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme (dite "Loi Evin") interdit de promouvoir. Je me contenterai donc de citer des noms de villes comme Sancerre, Saint Nicolas de  Bourgeuil, Saumur, Chinon, Vouvray, qui savent mettre en valeur les produits de la terre et promouvoir l'artisanat local, à consommer avec modération.

Cependant mon but n'est pas d'aggraver votre cirrhose du foie, mais de vous faire découvrir quelques belles régions, ce qui n'empêche pas de se faire plaisir le soir à l'étape.

http://www.gitedesvignes-sancerre.com/Région.html

On commence donc à Sancerre, perchée sur son promontoire et qui vous donnera déjà un bel aperçu de la diversité des paysages et des plaisirs du fruit de la vigne. L'itinéraire suit ensuite, non pas le fleuve, mais le canal qui lui est parallèle, jusqu'à ce que celui-ci emprunte un pont bien connu à Briare, où l'eau passe au-dessus de l'eau.

En suivant le cours de la Loire, vous verrez à quel point celui-ci a pu évoluer au cours du temps, il en est pour preuve la longueur démesurée de certains ponts, dont une partie importante passe sur ce qui est actuellement des prés ou des friches, mais qui peuvent à tout moment se retrouver sous l'eau selon les caprices du fleuve ; C'est cela la magie de cette région, revenez 3 mois plus tard et l'aspect des lieux sera complètement différent.

D'autres endroits témoignent de la volonté de l'homme de contraindre un peu le fleuve à rester à sa place, il s'agit des digues ou "Levées", délimitant l'espace réservé à l'eau et celui dévolu à l'agriculture ; On est dans l'esprit des Polders hollandais mais, comme aux Pays-Bas, la bataille se joue jour après jour. Ces levées font de superbes routes suivant au plus près la Loire, et la dominant assez pour en donner un point de vue magnifique. La route entre Blois et Chaumont en est un excellent exemple.



A propos de Chaumont sur Loire, le joli petit château qui domine la vallée recèle en son parc une curiosité réputée des amateurs de verdure du monde entier, il s'agit du festival des Jardins, qui se déroule du milieu du printemps à la fin de l'été et qui présente les plus imaginatifs des créateurs d'espaces verts.

N'hésitez pas à passer une petite journée à découvrir des créations où la nature prend des allures déjantées, inattendues ou pour le moins originales.

Retrouvez les André Le Nôtre du 21è siècle sur :
 http://www.domaine-chaumont.fr/festival_festival




Puisqu'on parle de châteaux, impossible de tous les énumérer, Blois, Villandry, Amboise, Saumur... Certains comme Chaumont ou Chambord proposent des visites hors des parcours habituels : Les salles richement décorées sont alors délaissées pour une découverte de l'envers du décor, des combles où logeaient les petites gens ou des cuisines reconstituées dans l'ambiance de l'époque. Mais il faut aussi voir les petites villes qui longent le parcours, avec les maisons de pierre blanche évoquées plus haut, qui s'alignent sur les berges dans un ensemble parfait.


A Tours, on quitte un peu la Loire pour suivre le Cher, plus civilisé et bucolique, puis on retrouve le fleuve un peu avant Langeais et son château à l'allure médiévale.

On arrive ensuite à Saumur, ville très vivante et terre promise des amateurs de chevaux, moi c'est pas mon truc, les chevaux je les préfère à la vapeur et en quantité suffisante à la roue arrière, mais il en faut pour tous les goûts.

Après Angers, la route fait un petit crochet sur l'ile de Chalonne, une des plus vastes de la Loire, et bien que séparée du "continent" par seulement quelques centaines de mètres, l'ambiance est particulière de par ses habitants farouchement attachés à leur bout de terre. Il faut dire que celle-ci est recouverte parfois par plus de 50 centimètres d'eau, cela favorise la solidarité entre les iliens.

On évite Nantes, mais rien ne vous empêche d'y faire un saut si les grandes villes vous plaisent. En fait, c'est surtout un prétexte pour contourner les grands ponts et passer par le bac du Pellerin : A partir de là, on est dans l'estuaire, la Loire s'épaissit, s'élargit, s'étale en zones marécageuses mais aussi se garnit d'industries plus ou moins fréquentables.

Alors tant pis, on s'éloigne un peu de la Loire pour traverser Saint Nazaire et retrouver plus loin ce qui n'est plus un fleuve et déjà l'Océan : L'endroit où se termine ce périple est particulier car chargé d'histoire et connu des cinéphiles du monde entier, il s'agit de Saint Marc sur Mer, lieu du tournage des "Vacances de Monsieur Hulot" de Jacques Tati.

Je sais, il y en a que les films de Tati agacent prodigieusement, mais selon moi c'est quelqu'un qui est au cinéma ce que Picasso est à la peinture, rien de moins.

Petit coup de nostalgie, placez-vous à côté de la statue de Mr Hulot qui domine l'Hôtel de la Plage (par malheur la spéculation immobilière a remplacé la maison de la jolie blonde à l'électrophone par des hideux "petits immeubles de grand standing") et contemplez l'endroit où les eaux dévalant les monts du Vivarais se perdent dans l'Atlantique.

Ici passent d'autres voyageurs, qui s'en vont vers des pays lointains et ne reviendront peut-être pas, mais vous, j'en suis certain, vous reviendrez sur les bords de ce fleuve.

Quelques adresses :
- Hôtel du Rempart à Sancerre www.hotel-du-rempart.com , rustique mais une bonne table et une vue magnifique sur le vignoble.
- Hôtel de France et de Guise à Blois www.franceetguise.com, très classique mais bien situé et avec possibilité de garage fermé pour la moto. Un bon point de chute pour un week-end au festival de Chaumont.
- Hôtel Le Canter à Saumur http://www.hotel-lecanter.fr/ , un peu à part, mais la ville étant assez animée, un hôtel central n'est pas de tout repos ; Accueil sympathique, bon marché et là aussi un coin tranquille pour garer la moto.
- La Route du Sel à Ingrandes http://routedusel.free.fr/accueil.htm , vue sur Loire et cuisine soignée, confort correct (bien que la douche soit vraiment microscopique !)

Ces adresses sont localisées sur l'itinéraire.

D'ailleurs, l'itinéraire le voici, je ne vais pas vous faire languir plus longtemps :

Sancerre - Pornic (format gdb)
Sancerre - Pornic (format gpx)


A noter que cet itinéraire ne se termine pas avec Monsieur Hulot mais continue vers le sud, pour le plaisir de prendre le grand pont de Saint-Nazaire et pour rejoindre les stations balnéaires : Saint Brévin, Tharon-Plage, la pointe Saint-Gildas et Pornic (voir l'article sur Tharon-Plage)


23 avril, 2014



Espagne, côté Atlantique

Episode 6 : Galice et Asturies (et fin du voyage)

Nous voici donc à O Vincendo, où on se dit qu'on y passerait bien le reste des vacances, et même plus. C'est un petit coin de paradis, avec une ambiance de port de pêche canadien, un arrière-goût de plage caribéenne, une pointe de climat breton (estival), le tout épicé aux piments espagnols.



La moto reste posée dans un coin de la cour de l'hôtel, on change de menu : Glandouille sur la plage et balades à la découverte des alentours, c'est rocailleux et ça grimpe mais le spectacle est au rendez-vous.

Ca pourrait faire penser aux Cinque Terre en Italie, mais c'est moins touristique, un peu moins spectaculaire mais avec beaucoup de charme.

C'est aussi moins onéreux ; Comme évoqué dans le précédent article sur la Galice, un chambre tout confort à l'unique hôtel de la ville (et peut-être à 20 Km à la ronde...) ne coûte que 30 euros, je me répète mais l'Espagne est vraiment un pays bon marché, et l'accueil est toujours très agréable.

Malheureusement l'échéance du retour à la dure réalité se rapproche, il faut songer à repartir. On continue donc à suivre la côte de la mer Cantabrique, mais cette fois-ci la boussole indique l'est. Toujours cette alternance de montagne et de criques, et on arrive au petit port de Luarca.

Puis, un peu perdu par l'absence de cartes précises de la région (pas faciles à trouver sur place, essayez plutôt de trouver en France les cartes d'un célèbre fabriquant de pneumatiques) et éprouvant soudain une envie de ne pas suivre les injonctions du GPS, je me suis retrouvé à suivre une route improbable mais pittorresque. Je voyais bien que le direction était globalement vers le sud-ouest alors qu'il nous fallait aller vers le levant, mais l'aspect de plus en plus alpestre des paysages n'était pas pour nous déplaire.


Mine de rien, on s'engageait dans les Asturies, cette belle chaîne de montagnes qui pointe à l'horizon depuis le début de notre périple, et dont on avait eu un petit aperçu en montant sur Leon. Sauf que là, pas d'autoroute au revêtement billardesque, on s'est retrouvés sur un chemin à peine empierré au milieu de nulle part, avec de loin en loin quelques fermes isolées, et des gens hors d'âge qui nous faisaient de grands signes de la main depuis leur champs où ils ramassaient un maigre foin, bien étonnés de voir des voyageurs en moto passer par chez eux.

Un genre de voyage dans le temps, ponctué par une halte dans un minuscule village avec un restaurant fréquenté uniquement par les ouvriers agricoles de la région. Ici, personne pour parler ne fut-ce que des rudiments de la langue de Molière, alors comment se faire comprendre pour expliquer ce qu'on voulait manger ? Facile, il y avait à chaque fois deux entrées ou deux plats à choisir dans le menu : Il suffit alors de pointer chaque index des deux mains et de dire "Un et un" (avé l'assent ça fait "Oune et Oune"). Problème, il y avait un choix de trois desserts... Tant pis, la patronne pas embarrassée nous a apporté les trois en nous faisant comprendre qu'on paierait le même prix (même pas 10 euros par personne).

C'est une petite anecdote de rien du tout, mais c'est une fois de plus une confirmation que les gens sont accueillants en Espagne !

On a ensuite continué par des routes vertigineuses, par endroits à peine plus larges que la moto, bien que parfois dévalées par des camionnettes en folie, obligeant à se garer sur le bord de la route, là où on pose un pied seulement, du côté du bitume, parce que pour poser l'autre pied sur le sol il faudrait une jambe de 200 mètres de long. Malgré la chaleur, on a eu quand même quelques frissons... Ici pas de risque de s'empaler sur un rail de sécurité, ceux-ci sont d'origine végétale, bio à 100% et ne dépassent pas 10 cm de haut, à cause de la sécheresse.



Au bout d'un après-midi, on a retrouvé un peu de 21ème siècle dans la jolie vallée de L'Alande, qui nous a ramenés dans la direction orientale de notre trajet de retour. Escale nocturne à Pola, puis on continue à redescendre vers l'océan.

Là, le bout de la route c'est le magnifique village de Llastres accroché à la falaise qui domine le port, et ses fameuses sardines grillées.


C'est sur cette note gastronomique qu'on décide de filer au plus vite vers la France, notre escapade montagnarde nous a fait perdre près d'une journée et il nous reste à explorer un peu le Pays Basque, donc un (gros) coup d'autoroute et on arrive à Bergara. On se trouve un vieil hôtel plein de charme et on découvre une ville très vivante, et notre dernière soirée espagnole est ponctuée d'un concert de rock sur les bords de la rivière et d'un orage cataclysmique qui pousse la moitié de la population à se réfugier dans le bar. Ce sera la seule pluie de notre voyage, mais elle a contribué à nous faire passer une soirée mémorable.


Le lendemain matin, réveil en fanfare, au sens propre car c'est dimanche et l'harmonie municipale sillonne les rues de la ville en faisant résonner les musiques traditionnelles. Petit pincement au cœur, c'est comme une façon de nous dire au revoir...



C'est ensuite le retour vers la France en sillonnant le Pays Basque, dans les montagnes cette fois-ci, et le temps un peu maussade ne gâche pas un paysage magnifique et verdoyant. On arrive à Saint-Jean Pied de Port (et non pas pied de porc comme je l'ai déjà vu, rien à voir avec la charcuterie, il s'agit de la ville au pied du port, autre nom pour désigner un col). On retrouve le plaisir de se faire rouler dessus par les automobilistes inattentifs et individualistes, la sensation grisante de risquer son permis de conduire pour un Km/h de trop (quatre radars entre St Jean et Biarritz, soit environ un tous les 10 Km), l'essence à 1,60 euros le litre, le retour chez soi, quoi...

Après un tel voyage, c'est dur... Que dire de plus que je n'aie déjà dit ? On gardera un souvenir impérissable de ce séjour, le nord de l'Espagne est vraiment un pays fabuleux à vivre et à parcourir en moto, ce n'est pas la porte à côté mais ça vaut vraiment le coup.

Quelques adresses :
- Le restaurant sur le port de Llastres, j'ai oublié son nom mais il n'y en a qu'un, réputé pour ses sardines grillées et son serveur déconnant qui parle (mal) 25 langues en les mélangeant toutes, surtout quand il s'agit de draguer les filles...

- Hotel Ormazabal à Bergara http://hotelormazabal.com/fr/index.php caché dans le dédale des rues et identique à ce qu'il devait être au début du 20è siècle (avec la salle de bains en plus)

Une fois n'est pas coutume, je vous propose deux itinéraires :
- La suite de la route le long de la côte Atlantique, y compris notre détour dans les montagnes :
O Vincendo - Llastres (format GDB)
O Vincendo - Llastres (format GPX)

- La route dans le Pays Basque, qui peut faire un itinéraire en partant la côte Française :
Llastres - St Jean PdP (format GDB)
Llastres - St Jean PdP (format GPX)




07 avril, 2014


Essai moto : La raison du moins fort...

On continue dans le maxi-trail avec le vilain petit canard dont personne ne veut parler dans les comparatifs, sans doute à cause de sa discrétion et sa sobriété par rapport aux motos de GP équipées d'un grand guidon que les fabriquants européens persistent à faire rentrer dans la catégorie des machines au long cours, et que les journaleux persistent à essayer sans jamais poser la roue avant sur le sol.

J'ai donc enfourché ce week-end une machine de la marque aux trois diapasons, appelée pompeusement du nom d'un désert africain.

Je n'avais pas été convaincu par la première mouture du modèle, dont le moteur faisait preuve d'une évidente mauvaise volonté à descendre en-dessous de 4000 Tr/min, ne se sentant bien qu'à des allures réprouvées par la loi. Associé à un centre de gravité himalayesque, l'engin se montrait aussi bien adapté à la circulation urbaine qu'un char Patton (dont la marque n'est pas la préférée de certains de nos amis d'outre-Rhin).

Miracle de l'électronique, la version 2014, "ZE" pour les intimes, a vu son comportement changer du tout au tout, présentant une rondeur tout en souplesse (ou une souplesse tout en rondeur) à basse vitesse tout en gardant une belle allonge, passé le seuil fatidique des 4000 Tours.

Je me permets ici un aparté au sujet du "Ride By Wire", que Gogol traduirait par "Chevaucher un fil" mais qui signifie en fait que le conducteur demande et l'électronique commande. Selon la rotation du poignet droit du premier, la deuxième calcule, évalue, corrige, anticipe et finalement accepte de déverser quelques gouttes d'hydrocarbure à 1,50 euro le litre dans les cylindres.

Cette opération est (plus ou moins) contrôlée par le conducteur, selon un choix de "Modes", qui sont censés modifier le comportement de l'injection, donc le caractère du moteur. La tendance du moment, principalement chez les constructeurs teutons, latins et britanniques, consiste à lui donner surtout un sale caractère, les choix de mode allant de l'agressivité mal maîtrisée à la sauvagerie indomptable.

Qu'on se rassure, les ingénieurs d'Iwata ont décidé de n'offrir que deux modes à leur 1200, le premier pouvant être résumé par les qualificatifs de "sportif et viril", le deuxième étant la timidité maladive. Si le mode "S" convient dans 99% des situations, moyennant certains à-coups qui ne surprendront pas les habitués de la marque, le mode "T" ne commence à trouver son utilité qu'en cas de remontée de file sur le périphérique parisien un vendredi soir par temps de pluie verglaçante. Même le petit coup de gaz accompagnant le rétrogradage devient anémique...

En parlant d'utilisation urbaine, la souplesse du moteur évite les crampes à la main gauche, plus besoin de se crisper sur l'embrayage. Par contre, le centre de gravité reste élevé, et avec la largeur du guidon il vaut mieux éviter les interfiles au micropoil près, tant pis pour le T-Max qui corne derrière, il attendra que ça se dégage un peu.

Quant à la hauteur de selle caractéristique d'un maxi-trail, qu'on se rassure, la Super-T ne déroge pas à la règle. Non pas qu'il faille des platform shoes pour poser le pied par terre au feu rouge, mais il faut prendre des cours de danse et lever la jambe loin vers le ciel pour enfourcher l'engin, surtout à cause de la selle passager qui culmine à une hauteur impressionnante. Si votre petite amie est sujette au vertige, elle risque d'être mal à l'aise

En dehors de nos agglomérations saturées de particules fines, le twin montre une belle aisance, tout en restant dans les limites du raisonnable. Ca reste efficace mais sans fioritures, mais on n'est pas au niveau de certaines bombasses européennes qui arrachent les bras et font s'envoler les points de permis (voir l'article Comparaison n'est pas raison )

Faut dire aussi que l'interprétation des normes et des règlementations est légèrement différente selon le pays d'origine de la machine (voir aussi l'article déraison et décomparaison ).

La moto en question souffre donc d'un handicap de canassons en utilisation intensive, mais il en reste suffisamment pour s'amuser un peu tout en sachant revenir à la raison tant qu'il en est encore temps.

Le châssis, à la précision un peu en retrait par rapport à la référence dans le domaine, ne permet pas autant d'optimisme sur les vitesses atteignables quelque soit l'état de la route, mais il suffirait peut-être d'accorder précisément les suspensions pour arriver à un résultat probant. A ce sujet, je n'ai pas été convaincu par les réglages électroniques, autant par leur incidence sur le comportement de la machine que sur l'ergonomie de leur contrôle.

Toujours au sujet de l'ergonomie, saluons un tableau de bord moderne aux affichages innombrables dont la sélection vous fera passer le temps lors des longues étapes sur l'autoroute, dommage que le contraste soit si mauvais en plein soleil (ça se règle aussi, mais c'est comme les suspensions, la plage d'ajustement est située à plus ou moins 0,5% de la valeur nominale).

Puisqu'on parle de l'autoroute, il faut mentionner le confort, lui aussi un peu en retrait par rapport au modèle-phare. La protection est plutôt bonne, le pare-brise réglable est très pratique, mais la selle tanne un peu le c... au bout d'un après-midi sur les petites routes du Vexin, dont j'ai déjà chanté les nids de poules et les raccords de bitume (Tant que vous y êtes, allez voir aussi l'article sur les châteaux du Vexin ).  Là aussi un travail sur les suspensions serait à effectuer, mais les week-ends ne font que deux jours et il va falloir rendre la moto à son propriétaire.

En résumé, c'est comme les annotations sur mes bulletins de notes de deuxième trimestre "En progrès, peut mieux faire". Dommage, la moto a un réel potentiel, le moteur se montre très plaisant avec sa nouvelle cartographie et son prix n'est pas égal au PIB annuel du Botswana.

On est quand même plus près d'une moto de tourisme et de voyage que d'une Hypersport déguisée en baroudeuse telle que celles produites outre-Manche, outre-Alpes et outre-Rhin. Au lieu d'une top-model allemande survoltée à la cocaïne habitant un loft saturé de musique techno, on est ici avec une geisha toute en raffinement et en subtilité dans un intérieur cossu mais sobre...

Vous je ne sais pas, mais moi, sur le long terme, mes moyens moraux, physiques et financiers me feraient plutôt choisir la deuxième solution.

22 mars, 2014

Espagne, côté Atlantique

Episode 5 : Galice

La côte Atlantique qui remonte au nord de Porto donne un aperçu de ce que l'industrialisation du loisir peut faire de pire dans un paysage, histoire de rajouter un peu d'amertume dans notre sentiment envers ce séjour au Portugal.

Pourtant, lors d'un arrêt dans un petit village qui devait se composer il y a quelques années d'une dizaine de baraque de pêcheurs et qui se résume maintenant à un alignement de blocs de béton le long d'une voie rapide, on trouve un restau agréable, des gens aimables, toute une famille qui fait là sa réunion dominicale et nous accueille avec des grands sourires en voyant notre plaque d'immatriculation française ; La moitié des convives vient de Normandie et est rentrée passer ses vacances au pays.

Pas dupes sur notre enthousiasme mitigé, ils sont néanmoins contents que quelques touristes viennent dans leur région sans que des attaches familiales ou historiques ne les y invitent. On comprend alors que le maintien du lien affectif et la volonté d'assurer à leurs aïeux un logement décent priment sur l'esthétique des villes.

Plus au nord, on retrouve le paysage des rias avec l'embouchure du Rio Lima, surplombé par l'imposant rocher et la basilique de Viana Di Castelo, puis on longe les 20 kilomètres de l'estuaire du Rio Mihno, frontière naturelle entre le Portugal et l'Espagne, que l'on franchit entre Valença et Tui par un curieux pont mixte : Les voitures en-dessous, les trains au-dessus.



Une route vallonnée redescend ensuite sur un large ria, où se niche le port de Vigo, hier point de départ de l'immigration d'une part importante de l'Espagne vers les Etats-Unis, aujourd'hui ville animée et riche, où on replonge vite dans l'ambiance espagnole...

On repart le lendemain, avec pour se réveiller un menu épicé composé de paysages spectaculaires, de routes qui dévalent les montagnes pour suivre les rias, le tout servi bien chaud. Notre route s'infléchit et la boussole cesse de pointer vers le nord pour indiquer l'ouest, direction le bout du monde.

Enfin, pas vraiment le bout du monde, en réalité le cap Finisterre n'est pas le bout du continent Européen (c'est le Cabo da Roca au nord-ouest de Lisbonne), mais c'était le bout ultime du voyage pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. On fait un genre de pèlerinage nous aussi, alors nous voilà à une étape symbolique.

Par contre, on n'imitera pas les pèlerins et on ne laisse pas nos chaussures attachées à l'antenne qui domine le rocher, elles peuvent encore servir.

Curieusement, alors qu'à la boutique du Cap, au milieu des huit cent cinquante deux mille variations "Artistiques" autour du thème (et à base de) coquilles Saint-Jacques, une bouteille de 50 cl d'eau minérale (Française !) coûte un demi-mois de salaire, il est possible de se loger pour un prix très modique à deux pas du Cap, au bord de la plage de la Sardine. Une bonne nuit (pour une fois tranquille, les lieux ne sont pas très propices à la Movida...) et on repart, avec le même menu qu'hier mais on ne s'en lasse pas.

Au bout d'une journée à en prendre plein les yeux de mer et de montagne, de petits villages et de côte découpée aux recoins infinis, on tombe un peu par hasard sur un petit port.

Ca y est, on a trouvé, on ne va pas plus loin, c'est là qu'on va rester. Ca s'appelle O Vincendo, le village comporte 400 habitants au maximum, un hôtel à 30 Euros la nuit et des sites de rêve (voir photo en haut de l'article.

On ne sait pas si on repartira un jour.


Mieux que la NSA et le FBI réunis, espionnez nos péripéties Galiciennes  :

Porto - Cap Finisterre - Ovincedo.gdb
Porto - Cap Finisterre - Ovincedo.gpx


Bonnes adresses :
- Hôtel Nicola, à Sardineiro de Abajo (la Sardine !), sur la route du Cap. A noter, chez eux une seule assiette de spaghetti "Frutti di Mare" nourrirait une famille de 4 personnes durant une semaine.
- Pension Remo, rue Rosalio de Castro à O Vicendo. L'unique hôtel du coin marche avec l'unique restau du coin, un peu plus bas dans le village : L'accueil est chaleureux et le restau est sans prétention mais délicieux.

21 mars, 2014


Essai moto : Déraison et décomparaison (?)

Après ma faconde enthousiaste (voir l'article Comparaison n'est pas raison du mois de février) et l'unanime approbation des essayeurs dithyrambiques, il s'est agi d'opposer l'implacable rigueur mathématique à la subjectivité du motard moyen abusé par ses sens.

Le bicylindre Bavarois en question a donc été posé sur un banc d'essai par un magazine spécialisé dont je tairai le nom (qu'il vous suffise de savoir que son nom évoque le journalisme et la moto), à l'occasion d'un comparatif entre plusieurs machines qui revendiquent l'appellation "Maxi-trail" à cause d'une largeur de guidon, d'une hauteur de selle et d'une cylindrée déraisonnables.

Le résultat est sans conteste, les chiffres ne mentent pas (comme disait le patron de Lehman Brothers lors de la présentation de son bilan 2007) : 105 chevaux se pressent à la roue arrière.

Toujours soucieux d'une information impartiale, je me suis replongé dans l'article R311-1 du Code de la route qui précise qu'une motocyclette est un "véhicule de catégorie L3e ou L4e et dont la puissance n'excède pas 73, 6 kilowatts (100 ch)". De plus, l'article L317-5 de ce même code, que le monde entier nous envie par sa précision et sa limpidité, précise que "Le fait pour un professionnel de fabriquer, d'importer, d'exporter, d'exposer, d'offrir, de mettre en vente, de vendre, de proposer à la location ou d'inciter à acheter ou à utiliser un dispositif ayant pour objet de dépasser les limites réglementaires fixées en matière de vitesse, de cylindrée ou de puissance maximale du moteur d'un cyclomoteur, d'une motocyclette ou d'un quadricycle à moteur est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende"

On parle donc bien de la puissance MOTEUR qui est limitée à 100 canassons.

A cet instant, il convient pour moi de reconnaître mes torts et de rendre un vibrant hommage à un personnage injustement raillé dans mon message précité.

Herr Friedrich Kloncke n'a pas seulement inventé le train de pignons à deux dents de la boîte de vitesses de la K1600, il est aussi le seul être humain a avoir réussi à mettre au point la transmission à rendement positif.

Entre le vilebrequin entrainé par la poussée des grosses gamelles de 600 cc chacune mais bien entendu limité selon l'implacable législation française, et les sculptures caoutchouteuses du Tourance Next, 5 bourrins ont été gagnés, ce qui relève de l'exploit technologique.

D'autant qu'une quantité de Watts non négligeable est utilisée pour émettre une puissance acoustique et ferraillante qui rappelle l'embrayage à sec de certaines productions transalpines.

A moins que ce ne soit le mécanisme secret de Mr Kloncke qui produise ces bruits intempestifs ?

Je rends donc grâce à l'ingéniosité teutonne qui a trouvé un moyen astucieux de contourner une loi par ailleurs castratrice : Pour donner au motard moyen les sensations d'une machine non bridée tout en respectant à la lettre la loi, il suffit de munir la moto d'une transmission qui rajoute des chevaux à un moteur légalement limité.

Quand on pense à ces idiotes de motos de la concurrence qui sont encore équipées d'une transmission qui perd bêtement 10 à 20 % de la puissance du moteur !

Quant à l'affiche qui orne cet article, bien évidemment il n'y a aucune allusion, c'est un film que j'aime bien,c'est tout...

03 février, 2014


Essais moto : Comparaison n'est pas raison...



Ces deux derniers week-ends, j'ai eu l'occasion d'essayer deux machines d'une marque concurrente à ma marque préférée. Un diplômé d'une école de commerce aurait appelé ça du "Benchmarking", moi j'appelle ça "Ne pas mourir idiot".

Bien entendu, j'ai signé un pacte avec mon sang par une nuit de pleine lune et donc je n'ai pas le droit de révéler le nom des motos en question, qu'il vous suffise de savoir que la marque en trois initiales fait référence à la Bavière et que les modèles sont destinés au GelandeSport.

La première comporte devant une roue à rayons, au milieu un twin parallèle de 800 cc, au-dessus une selle perchée à une hauteur déraisonnable et derrière un garde-boue dont l'appellation est une hyperbole, voire un adynaton, en tout cas une manifestation d'ironie de la part des concepteurs.

Le tout se propulse à des vitesses appréciables, dans un confort relatif mais accompagné de vibrations qui m'ont fait craindre de retrouver mes ongles de doigts de pieds au fond de mes bottes. On peut dire que le moteur a du caractère, mais dans le sens "caractériel" du terme : J'ai eu plus l'impression d'avoir un twin 500 qui trépigne sur place qu'un bon gros 800 coupleux et rond qui vous pousse gentiment au derrière.

Pas de quoi s'extasier donc, mais quand même une bonne efficacité sur petites routes à condition d'avoir le pied gauche pas fainéant. La tenue de route est celle d'un trail, ça gigote et se tortille mais ça passe quand même. le freinage est correct mais lui aussi sans grandes sensations, même si l'efficacité est là.

L'équipement est pléthorique, du moins dans la version luxueuse du produit, avec ABS, ESP, ESA, et toutes ces petites choses qui font grimper le TTC. Le pare-brise est parfait et multifonctions : Il protège de la pluie et du vent, il renvoie ces derniers sur les mains et il permet de contrôler le fonctionnement des clignotants avant qui adorent se refléter dans icelui.

Toujours dans la série "Peut mieux faire", le compteur est illisible même si il regorge d'informations, pas pratique en ces temps de répres...sécurité routière. Le réservoir sous la selle, outre le fait qu'il empêche de disposer de valises d'une largeur raisonnable, présente l'intéressante particularité de refouler du goulot, et d'asperger soigneusement d'essence la selle et la main de celui qui tient le pistolet.

Pour la baston sur petites routes le dimanche après-midi ou les pistes du Maroc, ça ne doit pas être trop mal, mais pour aller bosser tous les jours dans les embouteillages si vous culminez à moins d'1,80 m ou pour faire Paris-Marseille dans la journée, je ne conseille pas.


Bon, on oublie, ce qui est assez facile, et on passe à la grande soeur de 1200cc, désormais refroidie par eau.


Ouf !


Oh, nom de D... !


P... de B... de M... !


(et toutes ces sortes de choses)


Alors ça, je ne suis pas près d'oublier.


Une fois comprise la façon de s'en servir, j'ai eu l'impression que PERSONNE ne pouvait rouler plus vite que moi.


Sur mon terrain de jeu préféré (voir les épisodes précédents, en particulier Balade en Pays de Bray ), j'ai pu rouler partout 30 à 40 Km/h plus vite que ce que j'imaginais possible. Je ne suis normalement pas un furieux de la poignée de gaz, mais là j'étais gonflé d'un souffle diabolique, j'étais hanté par toutes les succubes motardes sorties droit de l'enfer, le père Lankester Merrin n'aurait pas pu exorciser le démon qui m'habitait.


Bref, ça pousse, ça déménage, ça envoie, c'est du lourd, du costaud.


Et ça tient par terre.

Et ça freine qu'on a l'impression d'avoir un bâton dans la roue avant.


La génération d'avant (refroidie par air/huile) était déjà pas mal, mais alors là...

Bon, il y a des détails énervants, la selle est VRAIMENT trop haute, la béquille centrale n'est VRAIMENT pas pratique, aussi bien à cause de son ergot qui coince le talon quand on chausse un peu plus que du 36 et qu'on se met sur la pointe des pieds en roulant, qu'à cause de ce même ergot qu'il est impossible de trouver à l'arrêt (la béquille latérale n'est pas mieux), les commodos sont VRAIMENT trop compliqués (seul le code-phare est génial). Le compteur n'est pas non plus un modèle de lisibilité, mais de toute façon il faut partir du principe qu'il indique une vitesse égale au double de ce qui est normalement légal et raisonnable, alors...

Autre point à signaler, c'est une bonne nouvelle pour lui mais pas pour nous, l'usine a ré-embauché Herr Friedrich Kloncke, qui avait fini par prendre sa retraite après avoir achevé son oeuvre suprême, la boîte de la K1600 (celle qui a poussé à son apogée le principe du pignon à 2 dents) : Les bruits de boîte et de transmission sont insupportables. Enfin, avec un peu d'imagination, on se croirait à bord d'un V-Twin italien à embrayage à sec, c'est peut-être voulu par le marketing.

Dommage, les Air/Huile étaient exemplaires sur ce point, c'était onctueux comme du Nutella nappé de Chantilly, servi avec une sauce au miel... Là on est plutôt "Cracotte avec des éclats d'amande, saupoudré de gros sel". Ceci dit, ça fait du bruit mais pas d'à-coups, pas comme un six-cylindres cité plus haut.


Ici aussi, équipement avec des initiales partout, les possibilités offertes par la suspension à réglage électrique sont très larges et vraiment sensibles (ce qui n'était pas tout à fait le cas sur la 800). Le phare à LED est...éblouissant, le pare-brise réglable est bien conçu, le confort est excellent, sans grever la tenue de route, du moins dans les situations courantes, pour les grandes courbes de l'autoroute (allemande) au-dessus de 200 Km/h, il faudra sans doute faire des compromis.

Alors, supposons que j'aie un billet de 20 KE qui me brûle la poche, qu'est-ce que je fais ?

Eh bien, je n'hésite pas une seconde.

Je prends six mois de congés sans solde et je pars en vadrouille avec ma moto actuelle.

Parce que, franchement, même si j'ai rigolé durant une journée entière avec cet engin, je ne vois pas à quoi ça peut servir : C'est trop, too much, déraisonnable, insensé. A moins d'avoir 5 permis munis de 12 points chacun, de posséder une bonne étoile qui permette de se prémunir de l'automobiliste oublieux du rétroviseur, d'avoir besoin de faire Brest-Strasbourg une fois par semaine et de disposer d'un compte en banque (suisse) largement dimensionné, je ne me vois pas travailler, partir en vacances ou en week-end avec ça.

Ok, le moteur accepte d'enrouler gentiment, et n'est même pas désagréable à bas régimes, mais la tentation est grande, avec ce tube en caoutchouc noir lové au creux de la main droite qui vous susurre à l'oreille "Tourne-moi, tourne-moi".

Mes chroniques de blog finiront par ressembler au compte-rendu des chronos des manches du TT de l'Ile de Man (pas facile de regarder le paysage qui borde une petite route quand on la parcourt à 180), et ça je n'ai pas envie.

Enfin, il faut avoir connu ça, ça reste quand même une sacrée machine.

Après m'avoir lu, j'espère que vous saurez voir cette moto d'un oeil pragmatique et résister à la tentation.

Non ?

Si ?

Oh M...






08 janvier, 2014


Espagne, côté Atlantique

Episode 4 :
Le Portugal

Aujourd'hui, on est toujours en Ibérie mais du côté lusitanien ; Autant dire qu'on est passés dans une faille du continuum spatio-temporel, à plus d'un titre : Déjà, il y un décalage d'une heure avec l'Espagne, ce qui est logique car le temps de l'extrémité occidentale du continent ne doit pas être identique à celui du bout oriental de l'Autriche-Hongrie.

Imaginez, quand le soleil se couche à 8 heures, pendant que vous dégustez des Hortobágyi Palacsinta au restau de la gare de Kispàlad, il reste encore quelques bon moments pour profiter de la douceur de la plage à Figueira do Guincho, donc l'horloge affiche une heure en moins, c'est logique.


Par contre, le décalage d'ambiance est assez déroutant. Pour tout dire, autant on s'est sentis à l'aise en Espagne, autant on n'a pas compris ou perçu le Portugal.


Un séjour à Lisbonne il y a quelques années nous avait donné un aperçu du charme de la vie portugaise, et les nombreux témoignages d'amis voyageurs nous avaient incités à retourner dans ce pays, mais là, j'avoue que le courant n'est pas passé. Non pas que l'accueil ait été mauvais, loin de là, aucun désagrément n'est venu entacher notre périple, mais simplement on est passés à côté du pays.


Quelques explications à cela, afin de ne pas vous ôter l'envie d'aller y voir par vous-même : Déjà, le Nord du Portugal ce n'est pas le Sud, c'est bizarre mais dans tous les pays c'est comme ça, le sud de la Suède a un côté nonchalant que n'a pas le Nord de l'Italie.

Ensuite, le pays ne semble pas être au mieux de sa forme économiquement parlant ; D'accord, 99% des pays de l'Europe sont à peu près dans le même état, mais c'est là qu'intervient la mentalité des habitants : Pour caricaturer, face à une telle situation, l'italien se débrouille, le français râle sur le gouvernement, l'espagnol s'en fout et fait la fête et le portugais travaille dur.


Parce qu'on sent que les gens ne sont pas là pour rigoler, à priori la crise de 2008 a touché durement la population active, qui est allée voir à l'autre bout de l'Europe si il n'était pas possible de se faire un peu d'argent... Moralité, peu de jeunes (en dehors de Porto), pas de mise en valeur ni d'entretien du patrimoine et une ambiance un peu tristounette.


Enfin, un épisode peut expliquer ces impressions : Le premier soir de notre arrivée dans le pays, à Bragancia,  pendant qu'on goûtait à la Bacalhao, une télé tonitruait dans le restaurant. Soudain, un type à l'air sombre est venu annoncer un autre type à l'air encore plus sombre qui s'est mis à débiter des sombritudes derrière un pupitre gouvernemental. Au fur et à mesure, les gens prenaient le même air sombre... Le débat qui s'en est suivi parmi les clients du restau nous a indiqué sans équivoque que les mois qui allaient suivre pour eux et le reste de la population n'allaient pas être de la tarte, ni même du Pasteis de Nata (un genre de petit flan, délicieux).

Seconde déception, les informations ont continué et malgré le brouhaha (il n'y a pas que les Français qui râlent après le gouvernement), on a compris que le zone où sévissaient des terribles incendies de forêt était justement celle où on comptait commencer à suivre la vallée de la Douro, site incontournable selon la majorité des visiteurs de ce pays.


Donc, on a décidé d'abord de ne plus regarder la télé durant les vacances, puis d'aller voir plus bas et rejoindre la Douro plus en aval vers Porto.



Troisième déception, ce n'est sans doute pas la plus belle partie de la vallée : Même si les vignobles accrochés à flanc de coteau témoignent, s'il en était besoin, de la ténacité du portugais à exploiter au mieux la terre aride de son pays, le paysage finit par manquer de variété, d'autant que, comme évoqué précédemment, le patrimoine n'est pas mis en valeur : Pas de possibilité de visite malgré la présence de noms prestigieux du vin de Porto, les lieux d'histoire sont délaissés au profit de bâtiments récents et fonctionnels. Enfin, le climat est vraiment dur à supporter, le soleil tape fort et l'ombre est aussi parcimonieuse que la charcuterie dans un sandwich TGV.





Arrivés à Porto, on décide de rester un peu. Certes, la ville est plutôt agréable mais on sent ici aussi un manque de moyens : La décrépitude ce n'est pas la même chose que le charme surranné... Les contrastes sont étonnants, sur les "Champs-Elysées" de la ville les immeubles des compagnies bancaires côtoient un immense hôtel aux fenêtres murées, un terrain vague avec quelques maisons effondrées jouxte un centre commercial flambant neuf, sur des rues entières des maisons décorées d'Azulejos (carreaux de décoration en faïence, aux tons bleus) sont aussi couvertes de tags. Tout ce bric-à-brac donne l'impression d'un choix délibéré de laisser les choses à l'abandon et de reconstruire du neuf, plutôt que de conserver les vestiges du passé.


Il est vrai que c'est beaucoup plus simple, et que ça coûte moins cher. C'est aussi symptomatique d'un pays qui se tourne vers le futur et renie son passé, ce qui peut se comprendre étant donné l'histoire récente de ce peuple.


Désolé, j'ai gâché l'ambiance, mais le but d'un article de blog est aussi de donner un point de vue, fut-il à l'encontre des autres opinions.

Cependant, je répète que les gens sont accueillants, le coût de la vie n'est pas très élevé et il y a quand même beaucoup de choses à voir, et je suis convaincu que ce pays mérite de s'y attacher, mais cette fois-ci on n'y est pas arrivés; Donc, allez-y, faites-vous votre propre opinion, regardez le Portugal avec d'autres yeux et un autre esprit et partagez votre expérience.

En regardant les photos et en replongeant dans nos souvenirs pour écrire cet article, finalement on se dit qu'on était pas si mal au Portugal, c'est juste qu'on avait peut-être pas assimilé le décalage d'une heure...

Dans le prochain article, on retourne en Espagne, en Galice pour être précis, et là on va retrouver le sourire (qu'on avait pas vraiment perdu, d'ailleurs).


Pour nous suivre :
Bragancia-Porto (format gdb)
Bragancia-Porto (format gpx)

Mais la vallée de la Douro commence bien plus haut, donc voici la route théorique, qu'on aurait pu emprunter si le pays n'était pas en feu... (Sans garantie, c'est une route compilée d'après les cartes et les infos glanées ici ou là, mais on n'a pas pu y passer et donc la vérifier)
Bragancia-Porto par la vallée de la Douro (format gdb)
Bragancia-Porto par la vallée de la Douro (format gpx)

Deux adresses plutôt bonnes :

Le seul hôtel de Lamego, à peu près à mi-chemin, assez luxueux mais pas trop cher : http://www.hotellamego.pt/en/

L'auberge Vice-Rei, un hôtel sans prétention mais bon marché et assez proche du centre de Porto :
http://www.hotelvicerei.com/index.php?run=presentation&l=2

Ces deux hôtels sont indiqués sur l'itinéraire.